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Au Royaume-Uni, le système de reconnaissance faciale utilisé par la police n'est pas fiable

Une étude universitaire montre les failles des techniques de vidéo-surveiilance utilisées par Scotland Yard. Des députés demandent l'arrêt du logiciel.

Article rédigé par franceinfo, Marina Daras
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des caméras de surveillance près du parlement britannique. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Au Royaume-Uni, la police métropolitaine utilise depuis quelques années un système de reconnaissance faciale pour identifier des personnes recherchées par la justice à partir d’images numériques prélevées dans la rue en temps réel. Mais une étude indépendante, menée par l'université d'Essex, démontre que cette technologie est loin d’être au point puisque quatre personnes sur cinq identifiées par le logiciel comme étant des suspects potentiels sont en réalité innocentes. 

Une technologie utilisée depuis 2016

Scotland Yard avait commandé cette enquête pour évaluer la fiabilité de son système de reconnaissance faciale. Les résultats sont inquiétants puisqu’ils affichent un taux d'erreur de 81 % : dans la plupart des cas, les personnes qui sont identifiées comme étant potentiellement dangereuses ne sont finalement pas des personnes recherchées par la police. Dans cette étude précisément, sur 42 identifications de suspects, seules huit étaient correctes.

Le rapport estime donc que ce logiciel n’est pas fiable, et que son utilisation pourrait être jugée illégale si elle était contestée devant la justice. Les chercheurs vont même peu plus loin en invitant Scotland Yard à cesser d’utiliser ce logiciel. Or la police elle se base sur d’autres chiffres et préfère comparer le nombre de visages identifiés au chiffre total de visages traités par le système de reconnaissance faciale. Et si on applique cette méthode, le taux d'erreur n’est plus que de 0,1 %.

Scotland Yard utilise cette technologie de surveillance en direct depuis août 2016. Elle a été utilisée et testée pour la première fois lors du carnaval de Notting Hill cette année-là. Depuis, une dizaine d’essais ont été menés dans des endroits très fréquentés comme Leicester Square, Soho ou encore le centre commercial de Westfield à Stratford, dans l’est de Londres, mais aussi a Manchester, Leicester ou encore dans le sud du Pays de Galles. 

Un logiciel qui fait débat

Cette technologie soulève beaucoup de questions, notamment sur le droit à la vie privée. Beaucoup d’associations font pression pour que la police cesse de tester ce logiciel sur la population, surtout après de tels résultats. Un des porte-parole de Scotland Yard s’est exprimé sur la BBC pour tenter d’expliquer pourquoi il fallait persister. "Nous nous devons d’explorer toutes les technologies pour voir comment nous pouvons assurer la sécurité des gens et rendre le maintien de l'ordre plus efficace, a-t-il déclaré. Cependant, nous sommes tout à fait conscients de certaines des préoccupations qui sont soulevées et avec ces essais, nous essayons de mieux comprendre cette technologie pour pouvoir protéger les droits de la personne tout en assurant la sécurité des gens."

Même au Parlement, l’utilisation de ce logiciel fait débat. L’ancien ministre David Davis a même demandé l’arrêt de ces essais qui, d’après lui, posent "d'énormes problèmes pour la démocratie”.

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