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Au Sénégal, les habitants du sud du pays préservent la mangrove, écosystème indispensable à leur agriculture

40% de la superficie de la mangrove y a disparu depuis 1970 à cause de la sécheresse et de l'augmentation des températures.

Article rédigé par franceinfo - Théa Ollivier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De jeunes arbres de la mangrove non loin de Zinguichor dans le delta du Sine Saloum au Sénégal le 12 février 2021. (JOHN WESSELS / AFP)

L’adaptation au changement climatique est le thème du prochain rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (le GIEC) qui sort lundi 28 février. Au Sénégal, ces enjeux sont particulièrement pressants alors que 40% de la superficie de la mangrove a disparu depuis 1970. Dans le delta du Sine Saloum au sud du pays, les populations tentent donc de s’adapter et de préserver cet écosystème fragile et très important pour elles.

La mangrove, zone humide entre terre et mer, protège en effet le littoral de l’érosion côtière et de la salinisation des terres agricoles. Mais surexploitée par l’homme, elle est menacée par la sécheresse et l’augmentation des températures. "Sans la mangrove, notre village et nos populations allaient disparaître", s'inquiète
Marianne Ndong, mère de six enfants. "La mangrove retient l’eau et permet de protéger notre village. C’est pour cela que nous participons à son reboisement et à sa restauration : pour préserver notre travail et pour protéger nos habitations."

Des méthodes d'ostréiculture plus durables

Les femmes qui vivent de l’ostréiculture ont abandonné les méthodes traditionnelles de récolte, qui consistaient à couper les racines des arbres de la mangrove, où étaient accrochées les huîtres sauvages, pour une technique plus durable d’élevage en grappe sur des guirlandes de coquilles immergées dans l’eau saumâtre. En contrepartie de leur implication dans le reboisement, elles sont accompagnées dans le développement d'activités génératrices de revenus.

L’association inter-villageoise de développement leur apportent par exemple de nouvelles techniques et du matériel. "Nous avons décidé d'aller vers l'élevage des huîtres, raconte Mamadou Bakhoum, le coordonnateur de cette association, parce que cela nous permettait de répondre à deux objectifs : les femmes doivent générer de l'argent, et elles doivent également régler un problème écologique. Il est prouvé que l'ostréiculture est une filière assez porteuse, mais c'est une activité qui n'est pas encore dans les priorités de l'État sénégalais." 

Le manque d'action coordonnée pour protéger les mangroves

C’est notamment grâce au Fonds international de développement agricole, une institution onusienne, que les habitants arrivent à allier écologie, rentabilité économique et sécurité alimentaire. "Aujourd'hui il n'y a pas vraiment d'action coordonnée de protection, de conservation et de restauration de de la mangrove", regrette Semou Diouf, chargé du programme au Sénégal. "Je pense que nous devons, au niveau national et international, mettre beaucoup plus de ressources et d'investissements dans les activités d'adaptation au changement climatique. C'est cela qui va sauver ces écosystème qui font vivre les petits producteurs." S’adapter devient alors urgent, tandis que les mangroves disparaissent cinq fois plus rapidement que les forêts. 

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