Avec la pandémie de Covid-19, les livreurs sud-coréens meurent d’épuisement au travail
En direct du monde s’arrête en Corée du Sud aujourd’hui, où il y a deux semaines, un 14e livreur décédait en raison d'une surcharge de travail. La hausse des commandes suite aux mesures de distanciation physique ont en effet considérablement alourdi leur quotidien.
L’épuisement guette les livreurs sud-coréens : il y a deux semaines, un quatorzième d’entre eux est ainsi décédé après une surcharge de travail, conduisant le président Moon Jae-in à affirmer que ces travailleurs ont payé l’un des plus lourds tributs du pays durant la pandémie de coronavirus Covid-19. La hausse des commandes suite aux mesures de distanciation physique ont en effet considérablement alourdi leur quotidien.
Ces décès mettent en lumière les conditions de travail des livreurs en Corée du Sud : 25 heures de travail de suite, 60 centimes d’euros par livraison et des pertes de poids dûes à la surexploitation des travailleurs.
25 heures de travail consécutives
Dans le viseur des syndicats, les plateformes de commerce en ligne : l’économie sud-coréenne est ultra connectée avec des systèmes de livraison très exigeants. Aussi, à Séoul les délais d’attente entre la commande et la livraison se comptent en heures et non en jour. Avec les restrictions sanitaires, la demande a explosé, sans que les plateformes n’engagent pour autant plus de livreurs.
"Il y a trop de livraisons et pas assez de personnes pour les livrer", explique ainsi Ko Kyu Hyan 44 ans, responsable d’un syndicat de livreurs indépendants. "Tous les objets sont stockés dans de grands entrepôts, poursuit-il.
Les livreurs sont chargés de retrouver les objets de les scanner et ensuite d’aller les livrer, ce qui prend énormément de temps. Donc les livreurs sont obligés de venir extrêmement tôt et de repartir très tard. C’est pour cela que des gens meurent de surcharge de travail.
Ko Kyu Hyan, responsable d’un syndicat de livreurs indépendantsà franceinfo
Si les travailleurs de e-commerce sont plus touchés et plus médiatisés, les livreurs de nourriture sont également dans une situation précaire. Car même si les dangers du métier sont plus proches de ceux que l’on connaît en France, à savoir une compétition croissante entre les livreurs qui les poussent à prendre des risques pour livrer plus et plus vite, pour certains cela signifie des semaines à plus de 70 heures de travail.
L'opinion publique sensibilisée
"Je suis payé un peu plus de deux euros par livraison, précise Ko Kyu Hyan. Et c’est le même prix depuis 10 ans. Normalement je ne devrais en faire que deux par heure, mais si je n’en fais pas cinq, je ne gagne pas ma vie. Cela me pousse à aller plus vite. Le nombre d’incidents de la route a baissé en Corée, mais le nombre d’incidents de deux roues a augmenté."
La mise en lumière de leurs conditions de travail contribuera peut-être à organiser une législation plus adaptée à ces travailleurs de l’ombre qui sont majoritairement indépendants. L’opinion publique a été touchée par les récits faits de leur quotidien, comme le montre l’apparition sur les réseaux sociaux d’un message de soutien intitulé : "Chers livreurs, ce n’est pas grave d’être en retard."
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