En Australie, le mariage des couples homosexuels divise encore la société
Une partie des Australiens reprochent la position discriminante d'un magazine consacré au mariage.
En Australie, quasiment un an jour pour jour après l'adoption du mariage pour tous, le magazine White, consacré aux mariages, est contraint de fermer. En cause : le retrait de ses annonceurs à la suite d'une violente campagne médiatique déclenchée par le refus des deux fondateurs, chrétiens pratiquants, de publier des articles et des photos de mariages homosexuels.
Aucun couple homosexuel dans le magazine
Certains Australiens reprochent à Luke et Carla Burrell, les éditeurs de ce magazine de mariage, leur silence assourdissant sur le mariage pour tous. Depuis la légalisation du mariage homosexuel, il y a un an, les collaborateurs de White (annonceurs, photographes, vidéastes et maîtres de cérémonies nuptiales) faisaient pression sur le couple d'éditeurs pour qu'il consacre ses pages à des mariages homosexuels. Mais ces requêtes ont été ignorées par les éditeurs.
Finalement en août, Lara Hotz, une photographe indépendante qui travaille pour le magazine, elle-même lesbienne et mariée, a révélé un échange de textos dans lequel Luke et Carla Burrell admettent qu'ils sont contre le mariage pour tous en raison de leur foi chrétienne. Aussitôt, beaucoup d'internautes leur ont reproché d'avoir caché leurs convictions à leurs lecteurs.
Une campagne virulente s'est organisée sur les réseaux sociaux à l'encontre de Luke et Carla Burrell. Menacés physiquement, ils ont été traités, entre autres, de "honteux fanatiques" et en l'espace de trois mois, ils ont perdu tous leurs annonceurs. Le magazine, qui avait un tirage de 32 000 exemplaires, qui était distribué dans 17 pays et qui avait un autre employé à plein temps, fait donc faillite.
Un débat qui scinde la société en deux
Pourtant, cette affaire est loin de faire l'unanimité en Australie. Malgré son rejet silencieux de l'union homosexuelle, le couple Burrell a aussi ses soutiens. La photographe lesbienne a aussi été menacée, accusée d'être anti-chrétienne. Et il suffit de se rendre sur le site internet du magazine pour constater que la moitié des commentaires est en faveur de Luke et Carka Burrell, même si l'autre moitié les insulte.
Beaucoup dénoncent l'hypocrisie des éditeurs, qui ont rédigé un message d'adieu, dans lequel ils revendiquent aimer tout le monde et citent des références bibliques. "Nous espérons qu'un jour, notre société apprendra à accepter les opinions et points de vue différents et que nous nous aimerons malgré ces différences", concluent-ils dans leur post. C'est ce qui inquiète le grand quotidien conservateur The Australian : il affirme que la liberté de croyance recule en Australie et appelle de ses vœux le vote d'une loi contre les discriminations religieuses, sur laquelle le gouvernement planche actuellement.
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