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En Autriche, le vice-chancelier revendique la thèse du "grand remplacement" en pleine campagne pour les européennes

Le chef du parti anti immigration a déclaré dans la presse que son parti lutte contre le "grand remplacement". Des propos qui ont choqué en Autriche.

Article rédigé par franceinfo, Isaure Hiace - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Heinz-Christian Strache lors d'une conférence de presse en octobre 2018.  (GEORG HOCHMUTH / APA)

À trois semaines des élections européennes, la thèse du “grand remplacement” s’invite dans le débat en Autriche. Le FPÖ, le parti d’extrême droite au pouvoir aux côtés des conservateurs, a imposé ce thème. Le chef du parti, le vice-chancelier Heinz-Christian Strache, a ouvertement revendiqué cette thèse.

Dans une interview, il explique en effet que son parti lutte contre "le remplacement de population" qui serait à l’œuvre selon lui. "Nous ne voulons pas devenir une minorité dans notre propre patrie" a-t-il asséné. Il s'agit clairement d'une référence à la thèse raciste du "grand remplacement", selon laquelle les populations blanches européennes seraient, à terme, remplacées par des immigrés de couleur et majoritairement musulmans. Rappelons qu’au regard des chiffres, ce "grand remplacement" est loin d’être une réalité, que ce soit en Autriche, où les musulmans ne représentent que 8% de la population, ou en Europe. Mais qu’importe, le chef du FPÖ utilise cette rhétorique, également à l’œuvre chez les identitaires, un groupuscule dont le parti veut pourtant officiellement se distancier car jugé trop extrême.

Une adhésion qui suscite l’indignation en Autriche 

Tous les partis d’opposition ont demandé le retrait du FPÖ, outrés qu’une telle formation puisse être encore au gouvernement aujourd’hui. Même son partenaire, le parti conservateur a dû prendre ses distances. Le chancelier Sebastian Kurz a ainsi expliqué que cette expression ne correspondait à aucune réalité, tout en excluant le départ du parti d’extrême droite. Mais toutes ces critiques ne semblent pas avoir eu d’effets sur le FPÖ. Heinz-Christian Strache, lors du conseil des ministres, mercredi dernier a déclaré : "Nous avons été élus pour mettre fin à cette tendance nocive car les citoyens disent, à juste titre, que cette situation ne leur plaît pas et qu'ils se sentent déjà comme des étrangers dans de nombreux endroits de leur pays. Je ne me laisserai donc pas museler, les citoyens comptent sur nous !". 

Une stratégie pour les européennes 

Le lendemain des déclarations de Heinz-Christian Strache, son allié Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur italien, rendait visite à Viktor Orbán en Hongrie. Il a alors usé de la même rhétorique, mettant en garde contre le risque que l’Europe ne devienne “un califat islamique”. C’est donc bel et bien une stratégie du FPÖ qui adopte un positionnement très à droite et qui vise, selon certains observateurs, à se distancer de son partenaire conservateur. L'objectif serait ainsi de rassurer son électorat de base en leur montrant que le FPÖ est le parti à la ligne la plus dure sur l’immigration. En tout cas, il mise beaucoup sur les européennes, or pour le  moment, à en croire les sondages, le parti est cinq points derrière les conservateurs, qui eux, sont au coude à coude avec les sociaux-démocrates.

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