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En Autriche, un musée unique au monde dédié à la contraception et à l’avortement

Il est situé à Vienne et a été imaginé par un gynécologue. Visite guidée à l'occasion de la journée mondiale du droit à l’avortement.

Article rédigé par franceinfo, Isaure Hiace - édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Dr Christian Fialat fait une visite guidée aux visiteurs de son musée de la contraception et de l'avortement à Vienne en Autriche. (MUVS, VIENNA)

La capitale autrichienne abrite un musée unique au monde : celui de la contraception et de l’avortement. Ce petit musée privé a été créé en 2007 par le gynécologue Christian Fiala qui a exercé dans plusieurs pays d’Afrique avant de s’installer à Vienne. Il est parti d’un constat simple : l’histoire de la contraception et celle de l’avortement restent pour beaucoup inconnue.

Christian Fiala a donc décidé de collecter divers objets qu’il expose en les contextualisant pour permettre aux visiteurs de mieux comprendre leur fertilité afin de mieux se protéger. "Il y a souvent un manque de connaissance de la force de la fertilité naturelle, explique le gynécologue. Il y a encore deux ou trois générations, les femmes en étaient conscientes, elles avaient peur de tomber enceinte sans arrêt. De nos jours, on a perdu cette perception et nous essayons avec le musée de faire passer cette perception de la fertilité naturelle et faire comprendre, surtout aux jeunes, la nécessité de se protéger pendant chaque rapport".

Exemples de diverses broches utérines exposées au Musée de la contraception et de l'avortement à Vienne, en Autriche. (MUVS, VIENNA)
    

Désespérés ou barbares... Retour sur l'histoire des modes de contraception et d'avortement

S’il y a aujourd’hui des méthodes efficaces de contraception, c’est loin d’avoir toujours été le cas, comme le montre la première salle du musée, qui répertorie les moyens, parfois désespérés, utilisés par les femmes avant l’apparition de la pilule dans les années 1960. Le musée retrace également l’histoire de l’avortement, des origines de son interdiction à l’autorisation de l’IVG. Une large partie est consacrée à la terrible réalité des avortements clandestins : différents outils, utilisés par les femmes, sont ainsi exposés, comme l’aiguille à tricoter.  

Pourquoi l’aiguille à tricoter ? Ce n’est pas parce que c’est un instrument idéal mais parce qu’il ne déclenchait aucune suspicion : toutes les femmes avaient des aiguilles à tricoter.

Christian Fiala, créateur du musée  

à franceinfo

Le gynécologue précise que la "méthode peut avoir des conséquences terribles parce qu’on peut percer soit l’utérus soit l’intestin et causer une infection, ou percer un vaisseau et la femme meurt sur place".

Un musée militant

Pour mieux symboliser le long et difficile combat pour l’autorisation de l’IVG, une table de cuisine lugubre fait face, dans la salle, à une chaise chirurgicale ultra-moderne. Car le musée se veut aussi militant, d’autant plus qu’aujourd’hui le droit à l’avortement est parfois menacé, y compris en Europe. "Il n’y a aucune justification pour une restriction à l’accès à une IVG, défend Christian Fiala. Il y a toujours des tas d’explications, d’excuses qui sont sorties mais qui reviennent en fait à ce qu’on traite les femmes comme des enfants à qui il faut dire ce qu’il faut faire", se fâche le gynécologue.  

Christian Fiala espère avec ce musée sensibiliser un maximum de personnes et ce dès le plus jeune âge. L’établissement organise d’ailleurs régulièrement des visites guidées pour les scolaires.

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