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En direct du monde. Au Brésil, les naissances par césarienne sont trop nombreuses

L’Unicef Brésil vient de lancer une campagne pour inciter les mères à respecter l’heure de la naissance de leur bébé. Dans ce pays, plus de huit bébés sur 10 naissent par césarienne, dans le privé.

Article rédigé par franceinfo - Marie Naudasher
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L’Unicef Brésil vient de lancer une campagne pour limiter le nombre de césariennes et inciter les mères à respecter l’heure de la naissance de leur bébé (illustration).  (MAXPPP)

Au Brésil, dans le privé, plus de huit bébés sur 10 naissent par césarienne. Cette pratique, qui permet de faire naître les bébés en urgence, atteint un taux extrêmement élevé, loin des 15 à 20 % recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’Unicef Brésil vient de lancer une campagne pour inciter les mères à respecter l’heure de la naissance de leur bébé. 

La première raison du nombre très important de césariennes est tout simplement financière. Payés à l’heure par les mutuelles privées, les médecins sont les premiers partisans de cette procédure rapide (une heure environ), au détriment d’un accouchement naturel par voie basse, qui mobilise l’équipe médicale pendant de très nombreuses heures, pour un salaire d’environ 500 reals (120 euros pour un accouchement). Pour des questions de rentabilité, les obstétriciens n’hésitent pas à convenir avec leur patiente du jour et de l'heure de la naissance. Résultat : 43 % des Brésiliens sont nés par accouchement chirurgical et presque le double dans les maternités privées. C’est trois fois plus que le taux prévu par l’OMS. En Europe, les taux de césariennes varient de 15 à 40 %, la France étant dans la moyenne basse avec 21 %. 

Pour les Brésiliennes enceintes : c'est pratique

La famille peut planifier ses visites à la clinique, l’entreprise s’organiser sachant à quelle date une salariée va poser son congé maternité. Ce sont donc des césariennes de convenance, qui semblent arranger tout le monde. Parmi ces femmes, certaines se voient imposer cet acte chirurgical, au motif que c’est plus sûr pour leur bébé. Un argument irréfutable, mais fallacieux, pour la future maman.

12 % des Brésiliennes déclarent avoir déjà subies des violences obstétricales, une catégorie de souffrance qui commence tout juste à être étudiée au Brésil, et dont les césariennes forcées font partie.

La peur de souffrir 

La peur de la douleur incite certaines Brésiliennes à planifier leur accouchement pour ne pas entrer en phase de travail, mais échapper aux douloureuses contractions n’évite pas les souffrances post-opératoires.

En urgence, les césariennes permettent de sauver le nourrisson, mais quand elles sont programmées, elles font naitre les bébés trop tôt, avec de nombreuses complications. Certains bébés peuvent naitre dès 37 semaines, comme décidé par leur propre maman, au lieu de 41 semaines !

Un parcours du combattant pour les brésiliennes qui veulent accoucher sans césarienne 

À São Paulo, la capitale économique du pays, les gynécologues obstétriciens qui favorisent les accouchements naturels se comptent sur les doigts d’une main. Ce choix a un coût : entre 4 000 et 20 000 reals (soit 1 000 à 5 000 euros l’accouchement) pour le médecin, la sage-femme et l’anesthésiste.

Autre effet pervers de cette tendance: les gynécologues pratiquent de moins en moins d’accouchements naturels et donc ne savent pas ou plus gérer les différentes phases et présentations de l’enfant.

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