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En direct du monde. Au Canada, la conception de l'éducation a changé depuis le massacre du collège Dawson

Il y a dix ans, un tireur fou faisait irruption dans le collège Dawson à Montréal tuant une jeune fille de seize ans et blessant une quinzaine d’autres personnes. Le jeune homme lourdement armé se suicide finalement. Cet évènement tragique a poussé la direction de ce collège à revoir sa conception de l’éducation.

Article rédigé par franceinfo, Pascale Guéricolas
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les forces de l'ordre s'apprêtent à intervenir dans le collège Dawson à Montréal le 13 septembre 2006. (DAVID BOILY / AFP)

Dès les jours qui suivent la fusillade dans ce collège de Montréal qui a fait un mort et une quinzaine de blessés, le directeur Richard Fillion refuse de transformer son établissement en forteresse, avec des détecteurs de métal et des agents de sécurité à l’entrée. C’est lui en personne, d’ailleurs, qui est venu accueillir les élèves quand ils ont repris le chemin de l’école. Pour Richard Fillion, les jeunes de 16 à 19 ans qui fréquentent l’établissement doivent apprendre à vivre ensemble et avec le reste de la société. Il veut créer une véritable communauté humaine, tournée vers les autres, dans ce lycée de 8 000 élèves venus de plusieurs pays et pratiquant plusieurs religions. Dans un tiers des cours dispensés dans l’année, l’enseignant aborde donc la question de la paix, de la résolution de conflit. En équipe, les élèves apprennent à désamorcer les conflits, à se parler de façon non-violente. Un enseignement qui ne touche pas seulement les cours de phil ou d’histoire. Même en maths, un prof est susceptible de faire travailler ses élèves sur l’évolution du nombre de conflits dans le monde, sous forme de statistiques, par exemple. 

 Avec quels résultats ?

C’est un peu tôt pour le dire, car ce diplôme de la paix que reçoivent certains élèves en plus de leur diplôme général n’est en place que depuis trois ans. En discutant avec des élèves, j’ai pu constater que cette approche humaniste les aide dans leurs relations. Elle leur permet de désamorcer les situations potentiellement violentes. D’autant plus que des ateliers pratiques s’ajoutent aux cours théoriques. Soit en travaillant en groupe au Jardin de la Paix, créé en hommage aux victimes de la fusillade, ou en organisant des expositions, des évènements. Le but, c’est de faire partie de la collectivité, de cotôyer des gens différents et d’interagir avec eux.

Les fusillades dans les écoles en Amérique du Nord sont souvent commises par des solitaires 

Selon le directeur du College Dawson, ces attaques soulignent l’échec d’un des rôles de l’école. Celui de socialiser les humains. À l’entendre, le système scolaire favorise la discrimination en classant très tôt les élèves dans des catégories. Richard Filion, lui, veut revenir à un enseignement plus global. Il espère qu’il va former des adultes attentifs aux autres, à leur bien-être. Déjà, l’équipe pédagogique a accompli un grand pas. La fusillade aujourd’hui n’est pas considéré uniquement comme un évènement traumatisant, mais aussi comme le début d’une nouvelle façon d’aborder l’école.

 

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