En direct du monde. Au Maroc, les étrangers en situation irrégulière sont régularisés
Alors que de nombreux pays européens ont durci leur politique migratoire, le Maroc vient d'annoncer une campagne de régularisation des étrangers en situation irrégulière.
Le Maroc annonce une grande campagne de régularisation des étrangers en situation irrégulière. Quand on demandait, lundi 19 décembre à Rabat, à un petit groupe de Sénégalaises qui attendaient pour faire leur demande de papiers pourquoi elles étaient là, la réponse fusait : "C'est pour la décision du roi". Car c'est Mohammed VI qui a donné ses "très hautes instructions" pour le lancement de cette phase d’intégration des personnes en situation irrégulière. Dans son discours du 20 août 2016 , il avait rappelé que "le Maroc compte parmi les premiers pays du Sud à avoir adopté une politique solidaire authentique pour accueillir les migrants subsahariens". En effet, le Maroc s'est engagé fin 2013 dans une nouvelle politique migratoire, avec une première vague de régularisations en 2014. 25 000 personnes en avaient bénéficié, des Syriens mais surtout des ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne.
Une "diplomatie migratoire" et des critères précis
Cette politique migratoire s'inscrit dans une logique à l'œuvre depuis plusieurs années : la diplomatie africaine du Maroc. Le roi Mohammed VI veut faire du royaume une puissance régionale. Au cours de sa récente tournée africaine, plusieurs chefs d’État ont félicité Rabat pour sa politique migratoire. Le chercheur et militant Mehdi Alioua parle d'une "diplomatie migratoire".
Autre élément, souligné dans une récente étude sur les migrants subsahariens, par le politiste Jean-Noël Ferrié : alors que l'Europe a fermé ses frontières, "le Maroc, traditionnellement pays d’émigration, est successivement devenu un pays de transit puis d’immigration", c'est à dire un pays choisi par une parti des migrants.
Les critères retenus sont les mêmes qu'en 2014. Pourront donc demander des papiers : les étrangers conjoints de Marocains, ou mariés à d’autres étrangers en résidence régulière ; leurs enfants ; les étrangers disposant de contrats de travail ; ceux pouvant prouver cinq ans de résidence continue sur le territoire ; ceux atteints de maladies chroniques. Les demandes peuvent être déposées jusqu'à fin décembre 2017. Des commissions préfectorales et provinciales les examineront, avec un recours possible devant la commission nationale de suivi. Des associations sont représentées dans ces instances de décision.
Certaines associations se sont montrées assez critiques : trop peu de cartes de séjour distribuées, des procédures trop lentes, des dossiers rejetés sans raisons. Depuis, les règles ont été modifiées : d'abord, toutes les femmes qui le demandaient ont été régularisées, ensuite une commission nationale de recours a été créée, présidée par le Conseil des Droits de l'Homme. Et au total plus de 80% des demandes ont été acceptées.
Les associations espèrent que cette nouvelle vague de régularisation profitera notamment à ceux qui n'avaient pas bénéficié de la première. La difficulté disent-elles c'est que tout le monde soit informé et convaincu. Le Gadem, une association de défense des étrangers, explique que pour ceux qui ont obtenu la régularisation, cela a pris beaucoup de temps, et qu'une carte de séjour d'un an ne suffit pas pour obtenir un CDI ou un compte en banque. De quoi décourager certains de se lancer dans la procédure.
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