En direct du monde. En Tunisie, la Banque centrale veut limiter l’importation de préservatifs
Les préservatifs font partie d'une liste de 600 produits de consommation courante que l’institution bancaire juge non essentiels.
En Tunisie, les préservatifs sont dans le viseur de la Banque centrale. Elle veut limiter leur importation. Ils figurent dans une liste de 600 produits de consommation courante que l’institution bancaire juge non essentiels. L’objectif est économique. La Banque centrale cherche à limiter les importations pour relancer l’économie nationale.
Mais le fait que les préservatifs figurent dans cette liste n’est pas une bonne nouvelle en matière de santé publique. D’autant plus que la Tunisie ne fabrique pas de préservatifs. Le risque, c’est évidemment l’augmentation des maladies sexuellement transmissibles dont le VIH. Aujourd’hui, les Tunisiens ne se protègent pas suffisamment. Compliquer l’importation des préservatifs ne peut avoir que des conséquences désastreuses, voilà ce que dit notamment Issam Gritli dans le Huffington Post Tunisie. Il est responsable d'une association de lutte contre le sida.
Il n'est pas évident de se procurer des préservatifs, les distributeurs sont rarissimes en Tunisie. Pour s’en procurer, il faut aller à la pharmacie. Sauf que lorsqu’on est jeune, pas marié, c’est compliqué. Et puis, le préservatif est bien sûr utilisé comme moyen de contraception. On compte 16 000 avortements en moyenne par an, selon les chiffres officiels.
Une menace en termes de santé publique
S’il devient plus compliqué de se procurer des préservatifs, leur prix risque aussi d’augmenter. Bon nombre de Tunisiens ne pourront plus se les payer. En plus des maladies sexuellement transmissibles, le nombre de grossesses non souhaitées risque donc d’augmenter.
La situation économique du pays est inquiétante. Les caisses de l’Etat sont vides. Et le déficit commercial atteint des niveaux record. La Tunisie importe bien plus qu’elle n’exporte, au point que la Banque centrale en est arrivée à supprimer les lignes de crédit pour ces 600 produits.
Nous avons pu consulter cette liste de produits – officiellement elle est confidentielle. Y figurent les amandes, les dattes autant de denrées que la Tunisie produit. Viennent ensuite les nappes et les serviettes de table, pas forcément indispensables. Les préparations pour le défrisage permanents, les déodorants, et puis, on arrive aux produits comme les gants en caoutchouc pour la chirurgie et les préservatifs. Objectif final : diminuer au maximum l’importation de ces articles pour préserver le stock de devises. Mais peut être au détriment de la santé publique.
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