En direct du monde. La Chine essaie de faire inscrire le tai-chi au patrimoine mondial de l’Unesco
Pour la deuxième fois, la Chine veut faire inscrire le tai-chi au patrimoine culturel de l’Unesco. Une démarche très politique.
C’est l’une des activités les plus populaires en Chine : le tai-chi, un art martial ancestral, mélange de mouvements lents et fluides, de respiration et de méditation. Les Chinois veulent le voir inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. C’est la deuxième fois que le pays tente sa chance.
La première fois, c’était en 2008, mais l’Unesco avait jugé le dossier trop vague, pas assez abouti. Cette année-là, la Chine avait déposé 35 dossiers au total ! Mais depuis 2008, les règles ont changé. Chaque pays n’a plus le droit de déposer que deux dossiers par année. Jusqu’alors, la Chine avait préféré privilégier des demandes pour inscrire par exemple l’opéra de Pékin, l’acupuncture ou encore le nanyin, un genre musical traditionnel originaire du sud-est de la Chine.
Une rivalité avec la Corée du Sud et le Japon
La Corée du Sud et le Japon veulent également inscrire le tai-chi au patrimoine de l’Unesco. Pour la Chine, ce serait une catastrophe : les trois pays se dispuitent depuis des années pour savoir qui a inventé cet art martial.
Surtout que d’après les autorités, la Chine s’est déjà fait "voler" un élément de sa culture par la Corée du Sud. En 2008, Séoul a fait inscrire le festival Danoje de Gangneug au patrimoine de l’Unesco. Mais pour les Chinois ce festival ne serait qu’une pâle copie de ce qui existe déjà en Chine : le festival des bateaux dragons. Et à l’époque, le classement par l'Unesco avait provoqué la colère de nombreux Chinois sur les réseaux sociaux. Du coup, concernant le tai-chi, un haut responsable de la région du Henan dans l’est du pays, où serait née la pratique, a pris le dossier a bras le corps. Il veut défendre les origines chinoises du tai-chi, c’est une question de fierté nationale !
Pour la Chine, le tai-chi est un instrument du "soft power"
Les Chinois sont vraiment attachés à cet art martial. Il n’y a qu’à se rendre dans un parc en Chine, n’importe lequel, à n’importe quelle heure de la journée, pour voir à quel point ce sport est populaire. Dès le lever du soleil, des groupes entiers se forment pour pratiquer le tai-chi. Ce sont surtout des personnes âgées, il y a peu de jeunes qui le pratiquent. Le tai-chi est même un instrument du "soft power" chinois : cet art martial est mondialement connu, et la Chine veut rappeler à tout prix que c’est elle qui l’a inventé.
Le "soft power" est un concept très présent chez les dirigeants chinois. Le terme qui désigne le pouvoir d'influence d'une nation est né aux Etats-Unis, mais le président chinois Xi Jinping le reprend lui même dans ces discours. La culture en Chine, est un instrument du pouvoir. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle est très contrôlée et que, régulièrement, artistes et intellectuels sont censurés. Inscrire le tai-chi au patrimoine immatériel de l’Unesc est donc aussi et surtout un acte politique ! L’Unesco donnera sa réponse à la fin de l’année.
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