En Ecosse, polémique autour du pub le plus reculé du Royaume-Uni
Le pub situé au fin fond de l’Ecosse est depuis quelques années au cœur des disputes entre les habitants du village et son propriétaire belge. Une partie de la communauté se mobilise pour le racheter.
Un petit village de pêcheurs des Highlands écossais, sur la côte ouest, abrite le pub le plus reculé du Royaume-Uni. Selon le livre Guinness des records, le pub n’est accessible qu’après deux jours de marche ou 45 minutes en bateau. Voilà des années que l’établissement, acquis par le Belge Jean-Pierre Robinet il y a dix ans, est l’objet de querelles entre le propriétaire et les habitants de ce petit bourg de 110 personnes.
Une partie d’entre eux lui reproche de pratiquer des prix élevés et de privilégier les touristes à leur détriment. Alors qu’auparavant, The Old Forge, seul pub du village, était un lieu de rencontres, convivial, familial et festif. Jean-Pierre Robinet, tombé amoureux de cet endroit où il chassait régulièrement le cerf, ne se cache pas d’avoir voulu faire du pub une vitrine touristique de l’Ecosse.
Mon doux rêve était de me dire qu’il y avait des jeunes dans ce village qui auraient été intéressés d’apprendre un beau métier, de peut-être prendre la relève.
Jean-Pierre Robinetfranceinfo
"Malheureusement, aujourd’hui, le constat est que ce n’est pas du tout ça. Ce sont des gens qui ont gardé l’habitude de demander des subsides au lieu d’entreprendre. Heureusement, il y a beaucoup d’habitants qui nous soutiennent aussi, ce sont nos clients, mais comme par hasard ils sont tous artisans, entrepreneurs, ils ont leur propre business", raconte celui qui est issu d’une famille d’hôteliers depuis six générations.
La vente du pub motivée par le Brexit
Le différend dure depuis des années, mais il pourrait prendre fin avec la mise en vente du pub. Une vente décidée par Jean-Pierre Robinet d’abord pour des raisons privées, mais aussi à cause des obstacles liés au Brexit. L’importation des produits européens comme le vin et le fromage, et son recours à de la main-d'œuvre européenne compliquent les choses.
"Dans le futur, le gouvernement va me demander, pour pouvoir importer cette main-d'œuvre de qualité, de remplir des conditions. Et quand j’aurai rempli ces longues et pénibles procédures administratives, ils vont me dire 'non on ne va pas vous donner de permis de travail, parce que dans votre région, il y a 300 demandeurs d’emploi qui pourraient correspondre à ce job'. Et moi, malheureusement, je ne pourrai pas leur dire la vérité, c'est-à-dire que un, ces gens ne sont pas qualifiés, deux, ils n’ont pas notre productivité, ni notre envie, ni notre culture", affirme le Belge.
Qui héritera du pub ?
C’est la grande question ! Des habitants du village ont créé un comité et essayent, avec un financement participatif et des fonds publics, de le racheter. Leur but, est de réinjecter les recettes du pub dans la vie locale. Mais pour Jean-Pierre Robinet, la partie n’est pas gagnée : "Je trouve que c’est une très bonne idée que la communauté s’intéresse à l’achat du pub et ait envie de le gérer, mais pour ça il faut avoir une philosophie d’entreprenariat, une philosophie réelle avec les deux pieds sur terre, une philosophie de business aussi, parce que c’est une bien belle activité, mais elle doit payer les factures à la fin du mois."
"Vous ne serez jamais riches avec un pub au milieu de nulle part, ça n’a jamais été un but financier pour moi ici. Et j’ai même tendance à dire que ce n’est même pas l’offre financière qui va nous motiver, c’est plutôt la qualité du repreneur et sa vision du futur." Sa vision n’est pas tout à fait partagée par les villageois, et l’avenir dira qui l’emportera.
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