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En Hongrie, l’ancien Premier ministre de la Macédoine obtient le droit d'asile

L’ancien dirigeant macédonien a obtenu l’asile en dix jours seulement. Du jamais vu en Hongrie.

Article rédigé par franceinfo, Florence La Bruyère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Viktor Orban (gauche) et Nikola Gruevski (droite) ci-contre en 2015. L'ex-Premier ministre macédonien, menacé de prison dans son pays, a annoncé le 20 novembre 2018 avoir obtenu l'asile politique en Hongrie. (ATTILA VOLGYI / XINHUA)

Le gouvernement nationaliste de Viktor Orban vient d’accorder le droit d’asile à l’ancien Premier ministre de la Macédoine, Nikola Gruevski, qui s’est réfugié en Hongrie pour échapper à la prison. Une situation inédite, d’autant que le gouvernement Orban refoule la grande majorité des demandeurs d’asile qui veulent entrer légalement, même quand ils viennent d’Irak ou d’Afghanistan. Nikola Gruevski, lui, vient d’un pays sûr, où il n’y a pas de guerre. D’après la loi hongroise, il ne pourrait pas obtenir l’asile. Mais il a déclaré qu’il avait reçu des menaces de mort dans son pays et cela a suffi aux autorités hongroises.

Le gouvernement accusé d'accueillir un criminel

Dans les rangs de l'opposition, on accuse le gouvernement hongrois d’héberger un criminel. Gruevski a été condamné à deux ans de prison ferme pour abus de pouvoir. Mais il fait aussi l’objet de cinq autres enquêtes pour fraude, corruption, et écoutes illégales de plus de 20 000 citoyens et opposants politiques. Après sa fuite, le gouvernement macédonien a lancé un mandat d’arrêt international mais ce mandat n’est arrivé officiellement à Budapest que le mardi 20 novembre au soir. Gruevski avait reçu l’asile le matin même. Or, un réfugié ne peut pas être extradé vers un autre pays. L’extrême diligence des autorités hongroises a permis à l’intéressé d’échapper à Interpol.

Les autorités hongroises auraient également aidé Nikola Gruevski dans sa cavale vers la Hongrie. Une cavale rocambolesque, digne d’un film de série B ou C. Le politicien a d’abord fui en Albanie. De là des diplomates hongrois l’ont convoyé en voiture jusqu’à Belgrade. Gruevski aurait rejoint la Hongrie soit en voiture, soit en jet privé envoyé par Viktor Orban. Comme il n’avait plus de passeport, les Hongrois lui ont fourni un laissez-passer. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto, n’a pas démenti ces informations, au contraire. "Nos services ont rencontré Mr Gruevski quand il s’est présenté à notre ambassade à Tirana. Ensuite, qu’il ait voyagé à pied, en voiture ou en tracteur, peu importe !… L’essentiel est qu’il a passé les frontières de l’Albanie jusqu’à la Hongrie tout à fait légalement", a-t-il déclaré.

Des enjeux économiques

Plusieurs média indépendants se demandent pourquoi Viktor Orban protège un criminel. Les deux hommes sont amis, tous deux sont chefs d’un parti de droite nationaliste et partisans d’un régime autoritaire. Mais Viktor Orban est aussi en affaires avec Nikola Gruevski. Le clan du premier ministre hongrois a investi de l’argent en Macédoine. Derrière cette affaire, il y a des enjeux économiques. Sans compter que les deux hommes sont très proches de Vladimir Poutine.

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