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En Malaisie, l'industrie du gant en caoutchouc pointée du doigt pour sa gestion du Covid-19 dans ses usines

Cela fait une semaine que la courbe des contaminations au coronavirus s’affole dans ce pays d'Asie. En cause, des clusters géants découverts dans les usines du premier fournisseur de gants en latex au monde Top Glove.

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un travailleur inspecte des gants jetables à l'usine Top Glove à Shah Alam, dans la banlieue de Kuala Lumpur, le 26 août 2020 (photo d'illustration). (MOHD RASFAN / AFP)

L’industrie du gant en caoutchouc en Malaisie a-t-elle favorisé la rentabilité de sa marchandise, en période de pandémie de Covid-19, par rapport à la sécurité de ses employés ? Difficile à dire, mais c’est ce dont elle est accusée en tout cas par divers observateurs. Il faut dire que l’année 2020 a été une belle aubaine pour ce secteur : en Malaisie, les seuls deux nouveaux milliardaires de cette année catastrophique pour l’économie appartiennent à cette industrie.

L’entreprise Top Glove était déjà le numéro 1 du secteur, comme le clame son hymne : "Top Glove is the best, Better than the rest …" Elle a vu le prix de son action multiplié par quatre cette année, jusqu'à ce que, le 24 novembre, sa courbe boursière retombe brutalement. Ce jour-là ses 27 usines sont obligées de fermer leur porte car plus de 2 000 travailleurs migrants à l’intérieur ont été testés positifs.

1,7 million de travailleurs migrants testés

"Les usines qui ont des travailleurs étrangers ont déjà été chargées par le ministère des Ressources humaines de procéder au dépistage obligatoire de ces travailleurs étrangers", a annoncé le vice-Premier ministre. Les coûts des services de la clinique hospitalière doivent être payés par l'employeur. En plus de cela les ministères de la Santé et des Ressources humaines inspecteront également les usines qui n'ont pas réussi à fournir de bons et confortables logements à ces travailleurs étrangers.

C’est donc 1,7 million de travailleurs migrants qui seront testés à partir de mardi, et les usines qui n’offrent pas de condition de vie décente écoperont elles d’une amende de 10 300 euros pour chaque ouvrier dormant dans une grande promiscuité. Mais pour certains ce n’est pas assez, le jeune député d’opposition Syed Sadiqq aimerait lui que Top Glove soit plus taxé sur ses profits de cette année qu’il qualifie de "surnaturels".

Les mesures seront-elles efficaces ? Difficile de le dire encore une fois, tout le monde a en mémoire le cas de Singapour, où les dortoirs surpeuplés des travailleurs migrants avaient été touchés durablement par le virus, malgré tous les efforts du gouvernement. Il faut également avoir en tête la grande défiance des travailleurs migrants en Malaisie après une grande vague d’expulsion de cet été. Un reportage de Reuters à Bornéo publié la semaine dernière racontait comment certains d’entre eux se cachent désormais sous les fondations de leur maison ou dans la jungle lorsqu’ils entendent le son d’une ambulance.

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