En Nouvelle-Zélande, l'annonce d'un film américain sur la tragédie de Christchurch ne fait pas l'unanimité
Le 15 mars 2019, 51 personnes étaient abattues par un terroriste d’extrême droite dans deux mosquées de la ville de Christchurch. Une société de production américaine a annoncé le tournage d’un film consacré à cette tragédie.
Un film sur la fusillade de Christchurch, qui a fait 51 morts il y a deux ans, va faire l'objet d'un film. Cette annonce de la société de production américaine FilmNation a déclenché une vague d’indignation en Nouvelle-Zélande ainsi que le lancement d’une pétition, déjà signée par plus de 70 000 personnes, qui demande tout simplement l’abandon de ce projet. Pourquoi ? Parce qu'il est trop tôt, d'après eux, de revenir dans une fiction sur un drame aussi douloureux. "Ça ne fait que deux ans, les plaies sont encore vives", explique Zohadi Yes qui fait partie de la National Islamic Youth Association et qui est à l’origine de cette pétition.
Une fiction qui sera aussi centrée sur la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern
La Première ministre de Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, fera également l'objet du film ainsi que la réponse qu'elle a apportée à cette crise. "Même si nous pensons que la Première ministre a agi de façon remarquable face à ces attentats, l’histoire ne devrait pas se concentrer sur elle mais sur les histoires des 51 martyrs et leurs familles, ainsi que sur les problèmes d’islamophobie qui ont conduit à cette tragédie", affirme Zohadi Yes.
Cet avis est également partagé, par exemple, par la maire de Christchurch, qui a prévenu qu’en cas de tournage, l’équipe ne serait pas la bienvenue dans sa ville.
Jacinda Ardern, qui serait donc au centre de ce film, n’a pas pris une position aussi radicale que la maire Lianne Dalziel mais elle a malgré tout fait savoir qu’elle était du même avis que les pétitionnaires. La Première ministre l'a dit lundi 14 juin lors d’une conférence de presse.
Cet événement est encore très présent dans les mémoires. Et plus encore pour la communauté qui en a été victime
Jacinda Ardern, Première ministre néo-zélandaiseen conférence de presse
"Je suis d’accord avec le fait qu’il y a des histoires sur le 15 mars qui, à un moment donné, devraient être racontées. Celle de notre communauté musulmane, ce sont eux qui devraient être au centre de l’histoire. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de raconter la mienne", a conclu Jacinda Ardern.
Il s'agit donc d'un soutien de poids pour ceux qui s’opposent à ce projet et qui commence à payer, puisque lundi, l’une des productrices du film a annoncé qu’elle se retirait du projet. Les pétitionnaires s’en sont bien sur félicités mais ils ont aussi prévenu qu’ils ne comptaient pas s’arrêter là et qu’ils continueraient à faire pression tant que ce projet de film ne sera pas complètement abandonné.
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