En Suisse, une maison de soins palliatifs propose de mourir "comme à la maison"
Ce vendredi 7 octobre est la journée mondiale dédiée aux soins palliatifs. En France, on débat encore du sujet mais en Suisse, l’aide au suicide est rentrée dans les mœurs depuis longtemps. Reportage dans la campagne helvète où une maison particulière accueille des résidents en fin de vie.
En Suisse, on aurait tort de réduire la question de la fin de vie au suicide assisté. En ce vendredi 7 octobre, journée mondiale des soins palliatifs, on peut souligner les progrès réalisés dans le pays sur le sujet avec l’exemple de la maison de Tara, un centre où on propose aux résidents de mourir "comme à la maison".
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C’est une jolie petite bâtisse posée dans la campagne près de Genève. L’intérieur ressemble à n’importe quelle autre maison. Avec son salon, sa salle à manger, sa cuisine et ses quatre chambres. Toutes sont occupées par des personnes en fin de vie. "On sait qu’on ne va jamais remplacer la maison mais on est l’alternative entre leur maison et le milieu hospitalier, présente Sabine Murbach, la directrice de la maison de Tara. On ne peut pas remplacer l’hôpital mais on va offrir au mieux et le plus loin possible ce qui ressemblerait le plus à leur maison. C’est un environnement familial."
La différence avec l’hôpital, c’est qu’ici, les résidents font comme chez eux, c’est-à-dire qu’ils sortent quand ils veulent. Ils partagent un repas dans la salle à manger s’ils en ont envie. Ils peuvent même inviter leur famille à dormir plusieurs jours. Il n’y a aucune restriction, si ce n’est l’état de santé des personnes accueillies, forcément très fragile. "On a un cahier dans lequel on marque ce que le résident a mangé, explique Gisèle, bénévole à la maison de Tara. Mercredi passé, j’ai eu quatre résidents qui ont mangé plus ou moins et aujourd’hui, personne n’a mangé. Donc le cahier est resté vide et…" La voix de Gisèle se brise. "Ça m’a fait quelque chose", finit-elle. Ce sont des bénévoles comme Gisèle qui rendent possible l’existence même de la maison de Tara. Ils sont une centaine à se relayer, nuit et jour, pour assurer une présence permanente auprès des résidents. Ils restent en moyenne un mois à la Maison avant de décéder.
Bientôt un projet similaire en France
Attention, cela ne veut pas forcément dire qu’on meurt "mieux" à la maison de Tara. La prise en charge hospitalière est bonne en Suisse qui a augmenté ses unités de soins palliatifs ces dix dernières années, pour gérer sa population qui vieillit. Mais comme partout, les soignants manquent d’une chose : le temps.
"La chance que l’on a, ici, en tant que professionnels c’est que, contrairement à l’hôpital où il a quand même malgré tout une structure avec des horaires, des roulements de personnels, un temps où l’on fait souvent les choses les unes à la suite des autres, nous, ici, on a le temps", souligne Élisabeth Fontaine, infirmière à la Maison de Tara.
"Jamais je ne vais avoir la pression de me dire : ‘Mon dieu, je n’ai pas le temps de rester auprès d’un résident, de lui tenir la main. Au contraire."
Élisabeth Fontaine, infirmière à la maison de Taraà franceinfo
"Toutes ces perspectives d’accompagnement sans avoir la pression du temps, c’est une plus-value de Tara", estime l’infirmière. La maison de Tara répond en fait à un souhait des Suisses. Ils sont 70% à dire vouloir mourir chez eux. Dans les faits, ça n’arrive que dans 20% des cas. L’expérience faite ici à Genève a, en tout cas inspiré, d’autres projets, notamment en France, ou des maisons similaires sont sur le point de voir le jour, à Agen, par exemple.
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