Face à la montée de la violence, le Chili durcit sa politique vis-à-vis des étrangers
Le gouvernement chilien de gauche emmené par Gabriel Boric, pour qui la thématique sécuritaire n’était pas une priorité, a dû revoir son agenda. Au Chili, 85% des gens pensent que l’insécurité a augmenté dans le pays entre mars 2022 et mars 2023. Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, les vols avec violence et les homicides sont en effet en augmentation.
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25 % des inculpés au Chili sont des étrangers
Depuis plusieurs mois, déjà, la population s'inquiète face à ces épisodes répétés de violence. À la télévision et sur les réseaux sociaux, des vidéos sortent régulièrement, où l'on entend, par exemple, des coups de feu et voit des assaillants prendre la fuite lors d'un braquage dans un centre commercial. À l'échelle nationale, il y a également une augmentation du nombre d'homicides.
"Les homicides se concentrent dans des quartiers où il y a une détérioration économique. Historiquement, il était commis à l'arme blanche, mais l'utilisation d'armes à feu a augmenté d'environ 40 % au Chili."
Claudio Gonzalez, spécialiste en sécurité publique à la faculté de gouvernement de l'Université du Chilià franceinfo
Ces dernières semaines, la tension est encore montée d’un cran avec la mort de trois policiers, en moins d’un mois, tués dans l’exercice de leur fonction. Pour deux d'entre eux, les principaux suspects sont de nationalité étrangère.
Le parquet national a annoncé il y a quelques jours un nouveau procédé qui fait débat. Dans tout le pays, les procureurs demanderont désormais la détention préventive systématique pour les étrangers sans papiers arrêtés par la police, et soupçonnés d'avoir commis un délit. Cette mesure sera prise en dernier recours, après que tous les moyens ont été épuisés pour déterminer l'identité de la personne arrêtée. Car, selon l'institution, 25 % des inculpés au Chili sont des étrangers, parmi lesquels la moitié n'a pas de papiers.
Risque de dérives xénophobes
Depuis quelques années, le Chili est confronté à une arrivée massive de migrants, et cela a des conséquences. Claudio Gonzalez, spécialiste en sécurité publique à la faculté de gouvernement de l'Université du Chili, pointe notamment du doigt le manque de régulation et de contrôle aux frontières. "Ca a permis à beaucoup de bandes criminelles d'entrer au Chili sans être détectés par le système", explique-t-il, avant de préciser qu'"il serait tout de même irresponsable de parler d'un lien direct entre criminalité et immigration, car c'est le chemin vers la xénophobie et nous en sommes très proches".
Le gouvernement, très bas dans les sondages, a dû revoir ses priorités : il a annoncé toute une batterie de mesures pour lutter contre la criminalité et la délinquance. Et le président a aussi promulgué une loi qui établit la présomption de légitime défense pour les forces de l'ordre, ce qui inquiète déjà certaines organisations de défense des droits de l'homme.
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