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La Hongrie condamnée pour "ségrégation scolaire" par la Cour européenne des droits de l’homme

La CEDH avait été saisie par un jeune Rom de Hongrie qui estime avoir été privé d’une éducation de bonne qualité en raison de ses origines.
Article rédigé par franceinfo, Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Une victoire après un long combat judiciaire. C'est tout d'abord la mère d'Imre Szolcsan, un jeune garçon rom, qui a porté plainte en 2013 devant la justice hongroise quand il avait 8 ans. À cette époque, Imre se rendait à l'école publique de son village, en banlieue de Budapest. En Hongrie, les Roms sont sédentarisés depuis des siècles, parlent le hongrois, et vont donc à l'école comme tous les autres enfants.

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Le problème de l'école d'Imre est que, outre le fait qu'il n'y avait pratiquement que des jeunes Roms, le niveau était très bas. Les enseignants n'avaient pas de temps à consacrer à Imre, qui est mal-entendant. Sa mère a donc voulu l'inscrire dans une meilleure école, où Imre aurait pu suivre une scolarité adaptée à son handicap. On a refusé d'y inscrire son fils.

Pour motiver ce refus, la direction a indiqué que l'école était trop loin du domicile d'Imre. Un prétexte fallacieux, car Imre n'aurait mis que cinq minutes en bus pour y aller. De plus, en Hongrie, la loi autorise les parents à choisir le lieu de scolarisation de leur enfant. Pour la mère d'Imre, il était clair que l'école rejetait son fils parce qu'il est rom. Elle a porté plainte devant les tribunaux hongrois. En vain. Alors, avec l'aide de l'ONG European Roma Rights Centre, basée à Bruxelles, et qui défend les droits des roms, Imre s'est adressé à la justice européenne.

Une ségrégation scolaire bien enracinée

Cette affaire est exceptionnelle, mais malheureusement, en Hongrie, très souvent, les enfants roms sont très souvent dans des écoles différentes ou dans des classes à part. Selon une étude de la Commission européenne, en 2016, près de la moitié des jeunes écoliers roms étaient séparés des autres, alors que la loi hongroise interdit la discrimination et la ségrégation scolaires. Ces dix dernières années, il y a eu des douzaines de plaintes de familles roms contre l'Etat.

Difficile de dire si jugement de la Cour européenne des droits de l'Homme basée à Strasbourg peut changer quelque chose. La Cour de Strasbourg ne se limite pas à sanctionner la Hongrie, qui devra payer 7 000 euros au plaignant. Elle dit aussi, et c'est un précédent, que la Hongrie doit mettre fin à la ségrégation scolaire dans tout le pays. Reste que cela va être difficile à mettre en place.

Car le gouvernement nationaliste de Viktor Orban nie toute discrimination. Et puis il y a une ségrégation insidieuse. Le gouvernement soutient beaucoup les écoles religieuses, il leur donne trois fois plus d'argent par élève qu'il n'en donne aux écoles publiques. En dix ans, le nombre d'écoles religieuses a doublé. Quand une école religieuse ouvre dans un village, les parents non-roms ont tendance à retirer leurs enfants de l'école publique pour les y inscrire. Résultat : il ne reste plus que des Roms à l'école publique du village.

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