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"Notre terre est contaminée, notre eau est contaminée" : en Afrique du Sud, les ONG en guerre contre les centrales à charbon

Avec la COP26, l'Afrique du Sud espère obtenir des financements pour opérer sa transition énergétique et fermer ses centrales à charbon qui causent d'importants dégâts sur l'environnement.

Article rédigé par franceinfo - Romain Chanson
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La mine de charbon de Mooifontein Colliery, à la périphérie de Witbank, en Afrique du Sud qui fournit les centrales électriques de charbon de Kendal et Duvah. (MUJAHID SAFODIEN / AFP)

La sortie de la dépendance au charbon est une question cruciale pour l'Afrique du Sud. Dans le pays, plus de 80% de l'électricité est produite grâce au charbon. Avec la COP26 qui se tient à Glasgow jusqu'au 12 novembre, l'Afrique du Sud espère obtenir des engagements pour financer sa transition énergétique et fermer ses centrales. C'est une question de protection de l'environnement et de santé publique.

Les centrales à charbon de l'entreprise publique Eskom sont concentrées dans la région minière du Mpumalanga. Il s'agit du producteur d'électricité le plus pollueur au monde selon une récente étude. En cause, le dioxyde de soufre, un gaz toxique émis en quantité excessive et qui provoque des problèmes respiratoires. A cela s'ajoute la poussière des mines qui couvrent le territoire du Highveld dans la région du Mpumalanga.

Dans le township de Kwa-Guqa, on entend le bruit du nébuliseur, un petit appareil électrique qui permet de soulager les filles de Mbali Mathebula quand elles font une crise d'asthme. "Je pense que c'est à cause de la pollution de l'air, parce que c'est très sale. C'est à cause des mines. Parce que quand on change de province, ma fille se sent mieux. Je suis vraiment très en colère. Ils ne viennent même pas ici pour vérifier que tout va bien dans la communauté", s'inquiète-t-elle.

"Je ne vois rien de bon dans les mines, elles sont ici simplement pour tout détruire."

Mbali Mathebula, habitante du township de Kwa-Guqa

à franceinfo

Mbali Mathebula ne dépend pas financièrement des mines. Elle est sans emploi. Mais c'est un secteur qui fait travailler près de 100 000 personnes en Afrique du Sud. Dans le township de Phola, avec sa clinique, Thabile Masemula, une infirmière témoigne des difficultés des habitants. "La plupart ont de l'asthme, des douleurs à la poitrine, des difficultés à respirer. C'est encore plus vrai chez les enfants qui ont des problèmes de congestion nasale, des éternuements, ce qui peut-être lié à l'air de Phola qui est chargé en poussières." Cela fait plusieurs années que les ONG alertent les autorités sur cette situation. Elles ont même décidé d'attaquer le gouvernement en justice.

2 200 morts de la pollution par an 

Greenpeace et d'autres ONG avaient commandé une étude en 2017 sur la pollution des centrales. Elle provoquerait 2 200 morts par an. Les ONG accusent le gouvernement de violer le droit constitutionnel à un environnement sain. Promise Mabilo est membre de l'ONG VEJMA. "Je sais que de nombreuses personnes sont malades", explique-t-elle. "Ça signifie bien qu'il y a un problème. Notre terre est contaminée, notre eau est contaminée, il n'y a rien de bon ou sain dans notre environnement. C'est une crise, c'est un problème très grave."

"Les docteurs nous disent : 'la meilleure solution est de déménager'."

Promise Mabilo, membre de l'ONG VEJMA.

à franceinfo

Une crise qui aura peut-être des échos à la COP26 où l'Afrique du Sud, comme d'autres, demande une enveloppe minimum de 100 milliards de dollars par an pour financer la transition écologique des pays en développement. La fermeture de la plupart des centrales sud-africaines d'ici 2050 coûterait un dixième de ce montant.

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