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"Ognon", "rondpoint" : la Suisse adopte l'orthographe rectifiée pour simplifier la langue française

La réforme, validée par l'Académie française, permet d'écrire certains mots en les simplifiants. Cette mesure est plutôt bien appréciée par les professeurs mais critiquée par certains partis politique de droite. 

Article rédigé par franceinfo - Jeremy Lanche, édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La réforme de l'orthographe rectifiée permet d'écrire "oignon" sans i.  (DENIS SOLLIER / MAXPPP)

L'objectif est de réconcilier les plus jeunes avec l'orthographe. La Suisse vient d'adopter une réforme de l'orthographe rectifiée. Il s'agit d'utiliser une orthographe plus simple, débarrassée de certains accents et autres traits d'union jugés dépassés. Par exemple : Oignon ne s'écrira plus avec i. "Rondpoint" sera tout attaché, comme "pingpong". La réforme supprime aussi beaucoup d'accents circonflexes, sauf quand ils permettent de distinguer deux mots comme mur et mûr. Pour les nombres, ce sera aussi plus simple avec des tirets pour tous les chiffres composés.

Simplifier ne veut pas dire rendre la langue simpliste

Cette réforme était devenue nécessaire, selon Pascale Marro, la secrétaire générale de la Conférence intercantonale de l'Instruction publique de Suisse romande. Mais elle insiste sur un point : simplifier la langue ne veut pas dire la rendre simpliste. "La langue ce n'est pas l'orthographe, explique Pascale Marro. La langue est bien plus belle et plus riche que les caractères d'orthographes. Le caractère est un outil au service de la langue. La langue restera compliquée et intéressante."

On nous reproche souvent, depuis qu'on a fait cette annonce, d'un nivellement par le bas. En fait, il s'agit d'un nivellement par le haut.

Pascale Marro

à franceinfo

"Puisque l'orthographe sera plus facilement abordable, argumente Pascale Marro, on pourra faire avec les élèves des choses plus intéressantes au niveau de la langue, de l'argumentation ou la lecture de poèmes." 

Ces préconisations, adoptées par la Suisse, ne viennent pas de chez eux mais de France. C'est l'Académie française qui a validé l'orthographe "rectifiée" dans les années 1990, sans réussir à l'imposer en France. Du côté des enseignants suisses, ce choix semble apprécié. La plupart des syndicats ont salué une mesure de bon sens qui dépoussière un peu le français de certaines règles qui ne reposent sur aucune logique, selon eux. L'opposition est plus politique avec des partis, surtout à droite, qui s'opposent à une réforme jugée arbitraire, sans concertation avec les élus.

En revanche non à l'écriture inclusive

Pourtant, l'instruction publique suisse a pris le soin de ne pas trop brusquer les choses en refusant par exemple d'adopter le langage inclusif, qui s'est pourtant imposé à la télévision suisse romande. "On ne pouvait pas d'un côté vouloir proposer quelque chose de plus cohérent par rapport à l'orthographe et compliquer l'écriture, juge Pascale Marro. Je rappelle qu'on s'adresse à des enfants qui entrent dans l'écrit et pour qui c'est déjà suffisamment compliqué. On ne voulait pas rajouter une complication, on voulait rester dans une accessibilité des textes, c'est pour cela qu'on renonce à ce marquage de l'inclusivité dans l'écrit." 

La réforme encourage néanmoins les enseignants à utiliser des formulations moins genrées mais sans les rendre obligatoire. Enfin, si cette nouvelle orthographe "rectifiée" fait beaucoup parler dans les pays francophones, il faut rappeler qu'elle ne concerne que 2 500 mots dans le dictionnaire. 

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