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En route vers Paris 2024. Dans le sport, rien n'est facile

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, revisite l’actualité olympique en vue des Jeux de Paris en 2024. 

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Mélanie Gaubil, archère française médaillée d'argent aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2014, en Chine à Nanjing.  (MAXPPP)

À l'occasion des championnats du monde de tir à l'arc du 10 au 16 juin aux Pays Bas, "En Route vers Paris 2024" démontre que dans le sport rien n'est facile. 

Demandez à un footballeur de marquer un tir au but, à un basketteur de réussir un lancer franc, à un golfeur de réaliser un putt de 50 centimètres : logiquement la tâche leur paraît assez facile... Assez facile, si cela se passe dans leur jardin, car dans le sport, dès que l'enjeu arrive, rien n'est facile.  

Pour la discipline du tir à l'arc c'est la même histoire. Un archer de haut niveau, sur une session d’entraînement, tire en moyenne entre 100 et 150 flèches. Son corps connaît le geste par cœur. Mais pourtant, au moment de tirer la flèche qui peut apporter la victoire, la machine peut parfois s'emballer. Le stress peut paralyser et tirer une flèche devient mission impossible.

Et l'esprit invente un scénario

Quand on pense avoir fait le plus dur, quand on touche du bout du doigt l'objectif, cela veut aussi dire qu'on n'est plus dans l'instant présent. Au rugby, si vous vous voyez aplatir dans l'en-but avant d'avoir réceptionné la passe, il y a de grandes chances que la balle vous échappe des mains.

Mélanie Gaubil, archère française médaillée d'argent aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2014, nous fait ressentir la pression derrière un arc : "la perte de lucidité, c’est l’un des plus gros dangers au tir à l’arc. Avec le stress, je sens que j’ai le cœur qui bat plus vite, je n’ai pas tendance à trembler au niveau des bras mais plus au niveau des jambes.

Quand je vais vouloir armer, je vais avoir envie mentalement, mais techniquement je vais être plus courte. Sans m’en rendre compte. Mais du coup je ne vais pas réussir à tirer. Il va me manquer deux millimètres, mais ce sont les deux millimètres qui ne me permettront pas de passer le clic et je vais être obligée de revenir car j’aurai arrêté mon mouvement."

Faire le calme autour de soi

Pour gagner en lucidité, l’athlète doit chercher à faire le calme autour de lui. Mais comment y parvenir quand tout un stade est prêt à exulter, quand la récompense de toutes ces heures de répétition se trouve au bout d’une flèche?  

Dans un premier temps, l’athlète doit faire confiance au travail qu’il a réalisé et à l’intelligence de son corps. Le tir à l'arc oblige les archers à répéter sans cesse le même geste avec une rigueur et une précision magistrales.  

Respirer, s'appuyer sur ses routines, sur de l'imagerie mentale et se recentrer sur l'instant présent représentent quelques pistes accessibles pour tendre vers plus de calme.

Mélanie Gaubil partage aussi son expérience avec nous. "le but est de faire confiance aux automatismes qu’on a développés et surtout de se dire que ce n’est pas parce que c’est la dernière flèche que ça change quelque chose. Ça reste une flèche parmi tant d’autres, elle n’est pas différente. Le mouvement à faire, c’est le même. La concentration, c’est la même. C’est juste notre perception qui va être différente et c’est sur ce point qu’on doit être vigilant.

Mélanie Gaubil rappelle également le rôle prépondérant de l'entraîneur si le stress venait à dérégler un geste à sa portée : "en tant qu’archer, notre but est de rester focalisé sur ce qu’on a à faire et de ne pas chercher à comprendre pourquoi cette flèche je n'ai pas réussi à l’engager. On n’est pas dans l’analyse. C’est l’entraîneur qui contrôle ce qui se passe et qui nous donne les conseils pour pouvoir rester dans l’action."

Équilibre entre lâcher prise et maîtrise

Dans les moments à fort enjeu, l’idéal pour l’athlète serait de trouver l’équilibre entre lâcher prise et maîtrise. Mais comme nous l’explique la jeune tricolore, le lâcher prise est compliqué en compétition.

"C'est une vraie ambiguïté. En soi, le lâcher prise nous permettrait de tirer les flèches plus facilement mais on a tellement peur que ça se passe tout seul, que le coup parte et qu'on se dise, mince, si j'avais été concentrée sur ce qu'il faut, elle aurait été parfaite. C'est toujours cette crainte qui fait qu'on a beaucoup de mal à lâcher prise. Mais si on arrive à prendre le risque souvent, ça paie. C'est une petite bataille avec son cerveau pour y arriver."

Souhaitons de belles batailles et de jolies victoires aux archers tricolores lors de ces Mondiaux. 

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