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En route vers Paris 2024. La boxe, un sport d'acteurs ?

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, revisite l’actualité olympique en vue des Jeux de Paris en 2024.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La française Estelle Mossely (rouge) et l'allemande Tasheena Bugar aux jeux européens de Baku le 23 juin 2015. (DAVID RAMOS / GETTY IMAGES EUROPE)

À l'honneur aujourd'hui la boxe, à l'heure où la française championne olympique, Estelle Mossely, vient d'être sacrée championne du monde des poids légers après sa victoire aux points contre la suédoise Lucy Wildheart.

Le ring comme scène, l'accoutrement des boxeurs en guise de costumes, l'entrée des artistes à travers la foule pour chauffer la salle… Il n'y a pas de doute, la boxe a des airs de pièce de théâtre.

Côté répétition, on peut aussi y voir un réel esprit de dramaturgie. Aux Jeux olympiques de Rio, on croisait tous les jours dans le parking, les boxeurs français. Ils s’entraînaient dans l'obscurité d'un sous-sol, à côté de la laverie. Les coups résonnaient, ça tapait fort, sans strass ni paillettes.

Même pas peur

Mais surtout, ce rôle d’acteur chez ces sportifs est impérial lorsqu’il s’agit de masquer la douleur, de camoufler leurs peurs, de parfois même surjouer un état de confiance.

Ces athlètes sont à quelques secondes de se prendre des coups en pleine tête, il est normal d'avoir peur. Mais comme nous l'explique Sarah Ourahmoune championne du monde et vice-championne olympique à Rio en 2016, pour être performant, le combattant doit enfiler son costume.

"Ce rôle d’acteur, on le débute bien avant de monter sur le ring. Quand on est dans les vestiaires, on est presque en répétition où on se met dans son habit de boxeur, où on commence déjà à se dire : il faut que je sorte en ayant une attitude de championne. Dès le premier pas où on s’engage vers le ring, on commence à avoir une certaine démarche, à prendre quelques mimiques, à secouer ses épaules, à bouger sa tête pour montrer qu’on a envie de gagner."

Cette démonstration de puissance peut même, selon la championne, apporter la victoire : "une telle attitude permet de montrer au public et surtout aux juges qu'on est la patronne. Ça permet de nous mettre en confiance mais surtout d'influencer le jugement. Parce que dans un combat très serré, la décision va souvent vers la boxeuse qui a montré l’attitude la plus combative."

 Et le rideau tombe...

Une fois que le gong de fin de match retentit, on peut découvrir le vrai visage des boxeurs. Ils se tombent souvent dans les bras alors qu'une seconde auparavant ils se rouaient de coups.

Ces guerriers partagent le fait d'avoir joué avec les limites physiques, d'avoir livré un combat jusque dans leurs dernières forces. Il est facile de ressentir l'immense respect qui règne entre ces deux acteurs qui connaissent parfaitement la violence de leur sport.

Sarah Ourahmoune nous immerge dans l'ambiance d'une fin de représentation : 

"Quand le gong retentit on a presque envie de remercier l’autre, car il nous a permis de nous dépasser, de nous découvrir, de voir ce qu’on a dans les tripes. C’est grâce à l’autre qu’on arrive à s’exprimer donc on n’a vraiment pas de haine ou de colère contre son adversaire. Au contraire. Cela serait une mauvaise stratégie, car si on se laisse emporter par ses émotions, on fait des fautes et en boxe, la punition est directe."

L’actualité de Sarah Ourahmoune avec la sortie de son livre Mes combats de femme et son association boxer inside club.

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