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En route vers Paris 2024. Le vestiaire, berceau de notre solidarité

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, en pleine préparation pour les JO de Tokyo en 2020, nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un sportif de haut niveau.

Radio France
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Au sein du vestiaire de l'équipe de France de sabre à l'INSEP (institut national du sport) (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le vestiaire est un lieu privilégié pour une équipe sportive. Grande adepte de sport, je me régale quand les caméras de télévision s'introduisent discrètement dans les vestiaires des équipes pour nous faire vivre les quelques instants qui précédent une rencontre.

Pouvoir écouter les mots du capitaine, du coach, s'inspirer de la routine de chaque athlète, admirer les attitudes, les contacts entre les joueurs... Cela me passionne, tout comme cela m'impressionne. Comment ces sportifs de haut niveau arrivent à faire abstraction de la caméra, élément étranger à leur groupe ? Comment le journaliste arrive à se faire oublier dans cet instant de communion ?

Notre "coin France"

On a pris l'habitude lors de nos déplacements avec le collectif France de se réfugier dans un vestiaire dès notre arrivée, sur le lieu de la compétition. Cela réclame de la réactivité car sur la vingtaine d'équipes présentes, et même si une majorité se dirige automatiquement vers les gradins, tout le monde ne pourra pas avoir la chance de se créer cette précieuse bulle.

On n'hésite pas à user de stratégies pour marquer notre territoire. Souvent, un entraîneur ou un kiné part en éclaireur pour installer le "coin France". Ce refuge dégage une énergie, une odeur, une concentration particulière.Quand certaines partent à l'échauffement, d'autres ont déjà terminé leur premier match. Quand certaines reçoivent les derniers conseils du coach et les encouragements du vestiaire, une autre se console comme elle peut de sa récente défaite. Tout bouge, tout circule.

Cette énergie semble guidée par un chef d'orchestre invisible. Un étranger au groupe aurait du mal à y trouver sa place. Il n'y a aucun code précis, aucune règle. Mais une vraie fluidité se dégage de ce cocon. Parfois, notre abri peut être très silencieux, concentré, studieux. Souvent, il sera rieur, solidaire, infiniment motivé. Il reste, à n'en pas douter, une ressource précieuse avant d'entrer dans la cage aux lions.

Le vestiaire du quotidien

À l’entraînement, chacune d'entre nous a créé son propre espace. Chacune a sa place avec ses photos, ses grigris et ses affaires personnelles. Le droit d’aînesse permet aux plus anciennes du groupe (dont je fais partie) de truster les meilleures places. Elles sont un peu plus grandes et disposent de plus de crochets pour étendre leurs affaires. Les meilleures places sont aussi moins dans le passage où chaque ouverture de porte peut dévoiler une partie d'intimité.

On se retrouve dans ce lieu avant et après chaque entraînement. Ces moments sont précieux pour partager nos états d'esprit. On a pris l'habitude de se retrouver de temps à autre pour des pauses "humeur du jour." Un tel rendez-vous est l'occasion d'aborder tout type de sujet et de laisser la parole à chacune d'entre nous, les plus extraverties comme les plus timides.

Si la performance se joue à des détails, on a choisi avec minutie les photos et la décoration des murs qui nous entourent. "Un hall of fame" met en avant les retraités et anciennes gloires de l'équipe de France (Anne-Lise Touya, Léonore Perrus, Carole Vergne, Marion Stoltz, Anne-Laure Berthier...). Un autre mur fait la lumière des dernières médailles en championnat. Enfin, tout un pan de mur retrace les bons moments passés ensemble (restaurants, sorties, voyages...): un rempart essentiel pour se rappeler en temps voulu les belles expériences vécues avec cette équipe.

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