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François Hollande : une curieuse vision de l’amitié en politique

Anne Hidalgo, dont la campagne n’en finit plus de ne pas décoller, a reçu un soutien de poids : celui de François Hollande, venu la soutenir mardi 22 mars lors de son meeting de Limoges. Du moins, en apparence, parce que l'ancien président était surtout venu faire sa propre campagne.

Article rédigé par franceinfo - Clément Viktorovitch
Radio France
Publié Mis à jour
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L'ancien président de la République François Hollande lors du meeting de soutien à la candidature d'Anne Hidalgo à l'élection présidentielle à Limoges (Haute-Vienne) le 22 mars 2022 (PASCAL LACHENAUD / AFP)

Trois quarts d'heure : c’est le temps qu’a duré l’intervention de François Hollande, lors du meeting d’Anne Hidalgo. 45 minutes, ce n’est plus une introduction, ce n’est même plus une première partie, mais bien un hold-up auquel s’est livré l’ancien président de la République.

C’est vrai que son soutien était très attendu, dans le camp socialiste. Depuis le début de la campagne, il avait distillé plus de critiques que de compliments à l’égard de la maire de Paris. Mais cette fois, c’est fait : son soutien est désormais officiel. Enfin, son soutien… Le mot est peut-être un peu fort. "Je suis là d'abord parce que je suis reconnaissant, a déclaré François Hollande. Je sais ce que je dois au Parti socialiste. Je suis là parce que je suis socialiste, et comme socialiste – je vais vous confier un secret – je vote toujours socialiste." 

"Je suis là parce que je suis fidèle et loyal, surtout quand c'est difficile."

François Hollande

lors du meeting d'Anne Hidalgo à Limoges

Il arrive, en rhétorique, que la parole soit moins éloquente que les silences. François Hollande nous dit qu’il soutient Anne Hidalgo par reconnaissance, par tradition et par fidélité à l’égard du Parti socialiste. Ce qu’il ne nous dit pas, c’est qu’il la soutient parce qu’il trouve qu’elle ferait une bonne présidente de la République, parce qu’il juge ses propositions pertinentes, et encore moins parce qu’il estime qu’elle peut gagner. Bref, Anne Hidalgo aurait pu se passer d'un tel soutien.

S'il n’était pas venu soutenir sincèrement sa candidate, pour quelles raisons était-il là ? Un mot, qui est beaucoup revenu dans le discours de François Hollande, nous donne un petit indice : "Je vous retrouve, ici à Limoges, avec bonheur" "Je mesure" "Je dois vous faire cet aveu" "Je me souviens encore" "Je rappelle" "Je n'oublie pas" "Je vous l'annonce" "Je vous assure" "Je m'en félicite" "J'en connais" "Je suis là"...

C’est une véritable déferlante de "je" à laquelle nous avons assisté dans le discours de François Hollande : de toutes évidence, l’ancien chef de l'État était surtout venu parler de lui-même et de ses propositions pour la France.

"D'abord une négociation sur les salaires. La hausse du Smic ne peut pas tenir lieu de protection. Deuxièmement il nous faudra aussi indexer les pensions. Il faudra aussi développer davantage les économies d'énergie. Il faudra une contribution fiscale sur les plus favorisés, a-t-il listé. Il y a tout simplement des priorités à établir. La première c'est nécessairement l'éducation. La deuxième, c'est la mutation énergétique. Et enfin, il y a la santé."

Objectif : reprendre en main le PS

C'est un véritable programme présidentiel que François Hollande a ébauché, non pas celui d’Anne Hidalgo, mais le sien, sa propre vision de l’avenir du pays. En fait, il était venu à Limoges pour présenter sa candidature... à la reprise en main du Parti socialiste. Et d’ailleurs, il ne s’en cache pas : "Une initiative devra être prise au lendemain du scrutin et avant les élections législatives, pour reconstruire la gauche de responsabilité. Il y va de la vitalité de notre république, qui ne peut être privée de l'espoir de l'alternance et de l'attente d'un changement." 

"J'y prendrai toute ma part, parce que c'est tout le sens de ma vie."

François Hollande

lors du meeting d'Anne Hidalgo à Limoges

Encore une fois, ici, les silences parlent davantage que les paroles. François Hollande désire "reconstruire la gauche de responsabilité" au lendemain de l'élection : c’est donc que, selon lui, Anne Hidalgo a achevé de la déconstruire. Il ne se résout pas à ce que la République soit "privée de l’espoir de l’alternance" : manière de dire que l’actuelle candidate n’a aucun espoir d’être élue.

Soyons francs : ce que nous dit François Hollande, ici, n’est pas de nature à provoquer notre stupéfaction. Il n’est pas le premier à produire une telle analyse politique. Or, justement, c’est toute la différence. François Hollande est un acteur du jeu politique. En parlant, il ne produit pas des analyses : il pose des actes. Mardi à Limoges, il a commencé à piller les décombres de la candidature d’Anne Hidalgo, en ouverture du meeting d’Anne Hidalgo. Avec de tels amis, la maire de Paris n’a définitivement pas besoin d’ennemis !

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