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Expliquez-nous... La présence de glyphosate dans nos assiettes

Du glyphosate dans nos céréales, nos pâtes et nos lentilles... C'est le résultat d'une nouvelle étude publiée par l'association Générations Futures. Focus sur cette étude et sur les enjeux autour de cette molécule. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des mueslis contiennent du glyphosate d'après une enquête de Générations futures publiée jeudi 14 septembre 2017. (GARO / PHANIE)

Un herbicide sur la sellette  

Le glyphosate est la matière herbicide la plus vendue au monde. Son principe est de bloquer une enzyme dont la plante a besoin pour fabriquer des acides aminés et des protéines. Le produit est surveillé de près par certaines ONG depuis qu'il a été classé il y a deux ans comme cancérogène probable par l'Organisation mondiale de la santé.  

A l’origine breveté par le groupe américain Monsanto, cette molécule de base du Roundup est depuis tombée dans le domaine public et d'autres sociétés en produisent. L'Union europénne doit décider, d'ici la fin de l'année, si le glyphosate est à nouveau autorisé pour les 10 ans à venir.  

Une présence dans certains produits alimentaires

Trente produits à base de céréales et de légumineuses ont été testés par l’association Générations futures : lentilles, pois cassés, spaghettis, biscottes et céréales pour le petit déjeuner. Un peu plus de la moitié contenaient du glyphosate: sept céréales de petit déjeuner sur huit ; sept légumineuses sur douze et deux paquets de pâtes sur sept. Certains taux sont assez élevés : jusqu'à 2 milligrammes par kilogramme d'aliment. 

"Au-delà de la quantité, ce qui nous inquiète est la fréquence, précise François Veillerette, porte-parole de Générations futures. Nous avions il y a quelques semaines, montré qu’on trouvait des résidus de glyphosate dans les urines de toutes les personnes que nous avions testées. On a voulu connaître l’origine de ces résidus. Il semble bien qu’elle soit alimentaire. Ce ne sont pas les quantités retrouvées qui vont rendre les gens malades du jour au lendemain mais lorsque vous êtes exposés à un cancérogène pendant des années, dans votre alimentation, cela peut contribuer, avec d’autres facteurs, à favoriser l’apparition de cette maladie. Selon nous, la seule solution est d’interdire le glyphosate au niveau européen."

L'industrie agrochimique n'est évidemment pas sur la même ligne et défend ce produit prisé et utilisé par une majorité d'agriculteurs français. Pour les producteurs de glyphosate, cette matière active permet de réduire la charge de travail des agriculteurs, à faible coût. Ne pas renouveler son autorisation aurait, disent-ils, une incidence directe sur l'organisation et le rendement des exploitations agricoles

Une toxicité en débat et des enjeux arbitrés au niveau européen 

La Commission européenne avait l’an dernier prolongé l'autorisation pour 18 mois seulement, jusqu’à fin 2017. Entre temps, l'Autorité européenne de sécurité des aliments a estimé qu’il n’y avait pas de raison de classer cette substance comme cancérogène, allant donc à l’encontre des premières conclusions du Centre international de recherche sur le cancer, agence de recherche de l’Organisation mondiale de la santé.  

Parmi les 28 Etats membre de l'Union européenne, la France et Malte s'opposent à un renouvellement d'autorisation du produit, au nom des "incertitudes qui demeurent sur sa dangerosité". Sept pays s'étaient, lors du dernier vote, abstenus. Le comité permanent de l’Union européenne, responsable du dossier et appelé à trancher, doit se réunir début octobre. Si une décision de renouvellement de l'autorisation du glyphosate était prise, il reviendrait ensuite à chaque Etat membre d'autoriser ou non l'utilisation sur son territoire.

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