Expliquez-nous... Les appellations d'origine
"Camembert de Normandie" contre "Camembert fabriqué en Normandie". Alors qu'une réunion se tient au siège de l'INAO -l'Institut national de l'origine et de la qualité- pour tenter de dénouer un conflit entre industriels et producteurs de fromage désireux de protéger leur savoir-faire, franceinfo se penche sur le fonctionnement des appellations d'origine.
Une préoccupation française devenue européenne
Les appellations d'origine permettent d'identifier la provenance et le savoir-faire liés à un produit. Cette préoccupation française de longue date n'a que récemment été prise en compte au niveau européen.
Une loi française du 28 juillet 1824 stipulait que la mention d'un fabricant ou d'un lieu géographique autre que le lieu et fabricant réel du produit était passible de sanctions pénales.
Le concept d'appellation d'origine a ensuite été formalisé juridiquement par des viticulteurs, à l'initiative d'un homme, Pierre Le Roy de Boiseaumarié, dit le Baron Le Roy. Il obtint en justice en 1933 la délimitation de l'appellation châteauneuf-du-pape, avant de participer, avec le parlementaire de Gironde Joseph Capus à l'élaboration d'une loi, intégrée par la suite à un décret de 1935, instaurant un "Comité national des appellations d'origine des vins et eaux de vie".
C'est en 1947 que fut créé l'organisme chargé de contrôler ces appellations, l'INAO : l'Institut national des appellations d'origine des vins et eaux de vie, devenu Institut national de l'origine et de la qualité.
Le champ des appellations d'origine a été élargi en 1990. La politique française sur le sujet a ensuite inspiré l'élaboration d'une réglementation européenne, qui a établi, en 1992, le concept d'AOP...
AOP, AOC...
Les AOP, appellation d'origine protégée, sont en fait les équivalents européens des AOC. Les appellations d'origine contrôlée désignent des produits dont toutes les étapes de fabrication, de production et de transformation sont concentrées dans une même zone géographique, selon un savoir-faire reconnu. Une fois que la France reconnaît l'AOC, le produit peut alors obtenir de la Commission européenne le statut d'AOP, basé sur la même définition.
C'est désormais cette mention, AOP qui figure sur les produits –via un macaron rouge et jaune– sauf dans le cas des vins, où l'appellation AOC peut perdurer.
L'AOC, protection de la dénomination sur le territoire français, est donc une étape vers l'AOP, la protection au niveau européen.
366 vins et eaux de vie et cinquante produits laitiers, essentiellement des fromages, ont l'appellation AOP-AOC, ainsi que 44 produits agroalimentaires : pommes du Limousin, abricots rouges du Roussillon, lentilles vertes du Puy, pommes de terre de l'île de Ré par exemple.
... à distinguer des IGP
D'autres produits bénéficient de l'appellation européenne IGP, indication géographique protégée, plus souple. Elle signifie qu'au moins une des étapes de production, de transformation ou d'élaboration d'un produit est issue d'une zone géographique précise.
Le rôle de l'INAO à tous les niveaux
L'INAO instruit les demandes de reconnaissance et supervise les dispositifs de contrôle. Chaque produit doit répondre à un cahier des charges très précis, contrôlé par des organismes indépendants agréés par l'Etat et vérifiés par l'INAO. L'Institut veille aussi à ce que les noms des produits protégés ne soient pas usurpés.
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