Croatie : bilan mi-figue mi-raisin, près de 18 mois après le passage à l'euro
Émilie Triolo vit depuis une vingtaine d’années à Šibenik, sur la côte Adriatique. Née en Savoie, après une carrière dans le marketing et la communication, la Française conseille aujourd’hui via une plateforme Internet les Français désireux de s’installer en Croatie, comme professionnels du tourisme en rachetant des campings ou des bases nautiques. Elle détaille aussi les erreurs à éviter.
"Les Croates ont vraiment conscience du bijou qu’ils tiennent entre les mains, constate-t-elle. C’est vraiment une petite perle de beauté, je trouve, la Croatie. Et c’est vrai qu’on ne peut pas venir, nous occidentaux, et se dire : on va racheter ci, on va racheter ça, ce ne sera pas cher. Effectivement, ils défendent ce qu’ils ont entre les mains, et souvent à un prix assez cher quand même !"
Le tourisme est un secteur essentiel pour l'économie de la Croatie. Il représente un cinquième du PIB du pays.
"Il y a des milliers de kilomètres de côte, témoigne la Française, avec la mer Adriatique. La Croatie, c’est quand même plus de 1 200 îles et îlots. C’est un véritable petit paradis qui commence à se faire connaître, et qui fait de plus en plus parler d’elle. On peut se faire plaisir sur les îles, sans partir au bout du monde, puisque maintenant la Croatie, c’est la zone CETA, c’est l’Europe, et c’est l’euro depuis le 1er janvier 2023."
Selon les derniers chiffres, plus de 9 millions de voyageurs ont visité le petit pays des Balkans l’an dernier, ce qui représente une hausse de 12% en un an. Les autorités de Zagreb attribuent cette augmentation record à deux facteurs : l'absence de frontières désormais, et l'adoption de l'euro il y a près d’un an et demi. Le passage à la monnaie unique a facilité la vie des voyageurs, qui n'ont plus besoin de chercher des bureaux de change, ni de vérifier les taux de change.
"Ça favorise l’arrivée des touristes français, reconnaît Émilie Triolo, parce qu’avant, c’était le kuna, ça pouvait compliquer ceux qui étaient un peu froids. On sent vraiment cette ouverture et cette envie des Français à aller découvrir la Croatie, ses îles et le reste de ses beautés qui peuvent être culturelles, architecturales et gastronomiques aussi."
En revanche, pour les Croates, ce changement a engendré une période d'adaptation aux nouveaux prix, qui ont sensiblement augmenté depuis l’euro.
"Il y a beaucoup de secteurs, observe la Française, où les prix ont augmenté. L’immobilier en fait partie, les hébergements touristiques aussi. Les gens se sont enrichis déjà avant avec le tourisme, et encore plus avec l’inflation. On a vu clairement les prix augmenter entre deux et fois trois en fait."
Même si l’inflation est apparue dans de nombreux pays d’Europe, en particulier après la crise du Covid-19, certains Croates considèrent l'euro comme responsable de cette hausse des prix. Même si, selon les chiffres officiels, aucun lien n'a été établi entre l'introduction de la monnaie unique et l'inflation croissante.
Malgré les appréhensions des locaux quant aux conséquences de l'euro, les perspectives du secteur touristique restent positives en Croatie. Plusieurs compagnies aériennes européennes à bas prix ont récemment lancé de nouveaux vols vers le sud de l'Adriatique, renforçant ainsi l'accessibilité de la Croatie aux voyageurs.
Aller plus loin
Retrouvez cette chronique sur le site, l'appli et dans le magazine de la mobilité internationale "Français à l'étranger.fr"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.