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Des cours de savoir-vivre français pour les Chinois

On appelle ça l’Étiquette. Installée depuis bientôt 10 ans à Hong Kong, la Française Catherine Baron a monté là-bas des ateliers où elle apprend aux futures élites les bonnes manières, ou comment se comporter à table et dans la vie.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Catherine Soulas-Baron © Radio France / Emmanuel Langlois)

FRANÇAIS DU MONDE 21.12.2014 FDM HONG KONG 21/12/14
Les Chinois seraient donc des gens mal élevés ?

C'est en tous cas l'hypothèse de Catherine Baron et l'impression qu'elle a eue à son arrivée à Hong Kong en 2005. La Française en a fait un business. « L'idée a germé en 2008, raconte-t-elle, juste avant les JO de Pékin. Le gouvernement chinois voulait former ses équipes à recevoir le monde entier chez eux. » Bingo !

Catherine Baron, dont on n'évitera pas le rapprochement avec Nadine de Rothschild, a des talents de cuisinière unanimement reconnus, elle est passionnée par le patrimoine et la gastronomie française, et par « l’Étiquette » : « C'est un mot né à la cour de Louis XIV, détaille-t-elle. C'était un rituel, des formalités et un cérémonial très contraignants que le roi avait mis en place comme un outil politique pour empêcher les nobles de le combattre. »

  (Catherine Baron © Emmanuel Langlois / Radio France)

Le projet est lancé. La Française s'envole pour Washington où elle suit les cours et décroche le diplôme de la seule école de protocole certifiée au monde. « Les Chinois aiment les professionnels avec des diplômes qui prouvent que vous êtes capable de faire les choses. » Catherine Baron ouvre donc son atelier à Hong Kong. Ses clients sont d'abord les habitués de l'Alliance française, puis rapidement des sociétés:

« Les Chinois sont toujours dans la compétition, affirme la Française. Ils veulent s'élever socialement. S'approprier ces codes de conduite qu'ils n'ont pas, c'est un vrai outil, les clés pour être les leaders de demain. Pendant des années, ils n'ont rien eu. Ils ont soif de ça. »

Voilà pour le discours. Quant au contenu de ces ateliers de savoir-vivre, tous en anglais qu'elle a dû apprendre, Catherine détaille : « On leur apprend les manières de la table, la façon d'entrer dans un restaurant, de s'asseoir, de se comporter, d'utiliser les ustensiles, de parler à son voisin, c'est sans fin. » Bref, rien ne devra plus jamais être laissé au hasard. 

  (Catherine Baron © Emmanuel Langlois / Radio France)

Des visas au compte-goutte

Née à Oran, Catherine Baron (née Soulas) s'installe d'abord avec ses parents à Nogaro, en Armagnac, au moment des « événements » d'Algérie. Diplômée en droit international, elle exerce à Paris comme directrice juridique pour un grand laboratoire pharmaceutique et s'installe ensuite en famille dans le quartier Saint-Seurin, à Bordeaux où son mari, cadre dans l'armement naval, vient d'être nommé. L'expérience durera six ans, juste avant Hong Kong où il est recruté par une société britannique d’affrètement maritime. « Je me suis retrouvée sans emploi, confesse-t-elle, à m'occuper de mes deux filles au lycée. Ensuite, elles sont parties au Canada et à Londres. Je me suis dit « qu'est-ce que je peux faire ? ».

  (Catherine Baron © Emmanuel Langlois / Radio France)

Le couple vit dans un appartement dans le sud de Hong Kong, où les visas de travail ne sont plus distribués qu'au compte-goutte pour les étrangers : « Il y a une énergie incroyable ici, mais de moins en moins de places à prendre ! Depuis 3 ans, Hong Kong voit arriver 200 Français par mois, sans compter le million de diplômés chinois qui débarquent sur le marché du travail chaque année. » Catherine Baron, elle, creuse son filon. Récemment, elle a été appelée par l'Université Saint-Joseph de Macao qui souhaite intégrer ses cours de savoir-vivre à ses programmes MBA.

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