Cet article date de plus de six ans.

Français du monde. Brésil : de l'art de bien se faire accompagner

Après plus de trente ans au Brésil, François Cessieux conseille les entreprises françaises intéressées par le marché brésilien. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La baie de Rio de Janeiro. S'expatrier et créer une activité au Brésil requiert un bon accompagnement.  (GETTY IMAGES)

Un expert de l'entrepreneuriat au Brésil

Après plus de trente ans passés comme directeur de deux filiales au Brésil, François Cessieux, ancien président de l'UFE et conseiller consulaire, éclaire les entreprises françaises intéressées par le marché brésilien. Il aurait toutes les raisons de partir… mais a choisi de rester dans cette mégapole de Sao Paulo où on est toujours sur la brèche. 

François Cessieux : "Les Paulistas (les habitants de São Paulo, ndlr) certes, nous ressemblent mais ils n'ont pas du tout la même éducation ni la même vision que la nôtre."  (UFE São Paulo)

Cela fait cinq ans qu'il est à la retraite, mais les employés de la société qu'il a dirigée pendant dix-sept ans ne manquent jamais de l'inviter à leur fête de fin d'année. "On est arrivés à s'occuper de chacun d'eux, à développer leurs compétences, s'enorgueillit François Cessieux. Presque tous les ingénieurs sont restés et ceux qui étaient partis sont revenus."

Le Français a découvert São Paulo en 1980, envoyé par Seb pour auditer en interne une usine de casseroles que le groupe venait de racheter. Il n'est jamais reparti, à part quelques allers-retours avec l'Europe. Suivra donc la création de la filiale de Legris, société spécialisée dans les détendeurs de pression gaz installés chez les particuliers, qu'il a quittée en 2013.

Un pays incertain au niveau juridique

Aujourd'hui, François Cessieux, né dans une famille de huit enfants dans la Drôme et diplômé de l'école de commerce de Lyon, accompagne les entreprises françaises intéressées par le marché brésilien. Même si le tableau n'est pas rose : "Le contexte politique et économique est catastrophique, le chômage est très important et le marché s'est effondré. On a perdu 8 % de PIB en deux ans." Il décrit un pays toujours féodal où on n'arrive pas à créer de règles juridiques pertinentes et respectées. "La Constitution de 1988 est très faible, pas très bien écrite, volontairement ou non. Aujourd'hui, on paie ça."

L'Assemblée générale de l'UFE São Paulo le 20 février 2018 (UFE São Paulo)

Une bureaucratie kafkaïenne

Attention, prévient-il aussi, à ne pas se fier aux apparences : "Les Paulistas, certes, nous ressemblent mais ils n'ont pas du tout la même éducation ni la même vision que la nôtre. Les Européens sont cartésiens, logiques, alors qu'eux fonctionnent à l'affectif, parfois de manière incohérente à nos yeux. Ils nous reprochent parfois notre arrogance."

François Cessieux peste toujours contre la bureaucratie et la fiscalité kafkaïennes. Impossible de faire des affaires ici sans un bon avocat et un comptable hors pair : "Chez Legris, nous avions une cinquantaine de composants par produit. Et pour chacun, il y avait un pourcentage de taxes spécifiques liées à une norme. Vous êtes obligé d'avoir un système d'information très précis et extrêmement coûteux." Il constate aussi que la violence due à la drogue se développe énormément à São Paulo.

Le directoire de l'UFE São Paulo. De gauche à droite : François Cessieux, vice-président; Laurent Sisti, président; Maria Coccoli, secrétaire et Thierry François-Marsal, trésorier.  (UFE São Paulo)

Un pays merveilleux, malgré tout

Désormais vice-président de l'UFE après l'avoir dirigée pendant sept ans, il est aussi conseiller consulaire et responsable financier de l'Alliance française. Et s'il vit toujours à São Paulo, et a épousé une Brésilienne du Minais Gerais, "C'est parce que le Brésil est un pays merveilleux, témoigne-t-il, d'abord par son peuple toujours content et sympathique, une population tout à fait apte à travailler, et des richesses naturelles incroyables, en particulier l'agriculture."

Lui écrire :  fcessieux@gmail.com

Le groupe de pétanque “le Cochonnet Paolista” (UFE São Paulo)

Aller plus loin

Retrouvez ce portrait dans la Voix de France, le magazine de l'UFE (Union des Français de l'étranger)

Retrouvez ce portrait dans le Journal des Français de l'étranger

Entretien avec Jean-Pierre Pont, directeur du Journal des Français de l'étranger,

Jean-Pierre Pont, directeur du magazine et du site internet de la mobilité internationale, le "Journal des Français à l'étranger" (DR)

Sao Paulo, c'est un peu l'anti-Rio, on travaille, on fait un peu moins la fête ? 

Oui, c'est la capitale industrielle du Brésil et c'est aussi la grande plateforme du pour l'économie du tertiaire.

Il n'y a pas vraiment beaucoup d'opportunités d'emploi, c'est un pays en crise ? 

D'abord, il y a un vrai problème, c'est la langue. C'est à dire que si vous ne parlez pas portugais, vous avez très peu de chance de réussir. Ensuite, l'économie est effectivement en situation de faiblesse. Les Brésiliens étant maintenant bien éduqués avec de bonnes universités, il y a de moins en moins de place pour les étrangers, donc il vaut mieux être créateur de son emploi ou de son entreprise. 

Et c'est compliqué ?

Non, à partir du moment où vous avez un peu d'argent et vous avez en plus un visa qui vous est spécialement attribué quand vous êtes créateur d'entreprise. 

Dans quels secteurs on peut quand même trouver de l'emploi ? 

Comme d'habitude, dans ces pays-là, le secteur de la finance est un secteur important, tout comme l'énergie, l'automobile. Donc, il vaut mieux être ingénieur ou dans les métiers de la bouche, la boulangerie, la restauration et autre pour réussir que d'arriver les mains dans les poches sans diplôme. 

Lui écrire sur son mail : jeanpierrepont@gmail.com

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