Français du monde. Brésil : de l'art de bien se faire accompagner
Après plus de trente ans au Brésil, François Cessieux conseille les entreprises françaises intéressées par le marché brésilien.
Un expert de l'entrepreneuriat au Brésil
Après plus de trente ans passés comme directeur de deux filiales au Brésil, François Cessieux, ancien président de l'UFE et conseiller consulaire, éclaire les entreprises françaises intéressées par le marché brésilien. Il aurait toutes les raisons de partir… mais a choisi de rester dans cette mégapole de Sao Paulo où on est toujours sur la brèche.
Cela fait cinq ans qu'il est à la retraite, mais les employés de la société qu'il a dirigée pendant dix-sept ans ne manquent jamais de l'inviter à leur fête de fin d'année. "On est arrivés à s'occuper de chacun d'eux, à développer leurs compétences, s'enorgueillit François Cessieux. Presque tous les ingénieurs sont restés et ceux qui étaient partis sont revenus."
Le Français a découvert São Paulo en 1980, envoyé par Seb pour auditer en interne une usine de casseroles que le groupe venait de racheter. Il n'est jamais reparti, à part quelques allers-retours avec l'Europe. Suivra donc la création de la filiale de Legris, société spécialisée dans les détendeurs de pression gaz installés chez les particuliers, qu'il a quittée en 2013.
Un pays incertain au niveau juridique
Aujourd'hui, François Cessieux, né dans une famille de huit enfants dans la Drôme et diplômé de l'école de commerce de Lyon, accompagne les entreprises françaises intéressées par le marché brésilien. Même si le tableau n'est pas rose : "Le contexte politique et économique est catastrophique, le chômage est très important et le marché s'est effondré. On a perdu 8 % de PIB en deux ans." Il décrit un pays toujours féodal où on n'arrive pas à créer de règles juridiques pertinentes et respectées. "La Constitution de 1988 est très faible, pas très bien écrite, volontairement ou non. Aujourd'hui, on paie ça."
Une bureaucratie kafkaïenne
Attention, prévient-il aussi, à ne pas se fier aux apparences : "Les Paulistas, certes, nous ressemblent mais ils n'ont pas du tout la même éducation ni la même vision que la nôtre. Les Européens sont cartésiens, logiques, alors qu'eux fonctionnent à l'affectif, parfois de manière incohérente à nos yeux. Ils nous reprochent parfois notre arrogance."
François Cessieux peste toujours contre la bureaucratie et la fiscalité kafkaïennes. Impossible de faire des affaires ici sans un bon avocat et un comptable hors pair : "Chez Legris, nous avions une cinquantaine de composants par produit. Et pour chacun, il y avait un pourcentage de taxes spécifiques liées à une norme. Vous êtes obligé d'avoir un système d'information très précis et extrêmement coûteux." Il constate aussi que la violence due à la drogue se développe énormément à São Paulo.
Un pays merveilleux, malgré tout
Désormais vice-président de l'UFE après l'avoir dirigée pendant sept ans, il est aussi conseiller consulaire et responsable financier de l'Alliance française. Et s'il vit toujours à São Paulo, et a épousé une Brésilienne du Minais Gerais, "C'est parce que le Brésil est un pays merveilleux, témoigne-t-il, d'abord par son peuple toujours content et sympathique, une population tout à fait apte à travailler, et des richesses naturelles incroyables, en particulier l'agriculture."
Lui écrire : fcessieux@gmail.com
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans la Voix de France, le magazine de l'UFE (Union des Français de l'étranger)
Retrouvez ce portrait dans le Journal des Français de l'étranger
Entretien avec Jean-Pierre Pont, directeur du Journal des Français de l'étranger,
Sao Paulo, c'est un peu l'anti-Rio, on travaille, on fait un peu moins la fête ?
Oui, c'est la capitale industrielle du Brésil et c'est aussi la grande plateforme du pour l'économie du tertiaire.
Il n'y a pas vraiment beaucoup d'opportunités d'emploi, c'est un pays en crise ?
D'abord, il y a un vrai problème, c'est la langue. C'est à dire que si vous ne parlez pas portugais, vous avez très peu de chance de réussir. Ensuite, l'économie est effectivement en situation de faiblesse. Les Brésiliens étant maintenant bien éduqués avec de bonnes universités, il y a de moins en moins de place pour les étrangers, donc il vaut mieux être créateur de son emploi ou de son entreprise.
Et c'est compliqué ?
Non, à partir du moment où vous avez un peu d'argent et vous avez en plus un visa qui vous est spécialement attribué quand vous êtes créateur d'entreprise.
Dans quels secteurs on peut quand même trouver de l'emploi ?
Comme d'habitude, dans ces pays-là, le secteur de la finance est un secteur important, tout comme l'énergie, l'automobile. Donc, il vaut mieux être ingénieur ou dans les métiers de la bouche, la boulangerie, la restauration et autre pour réussir que d'arriver les mains dans les poches sans diplôme.
Lui écrire sur son mail : jeanpierrepont@gmail.com
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.