Français du monde. Brexit : les Français de Londres dans le flou
Alors que s'ouvrent ces jours-ci les négociations sur les modalités de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, les Français de Londres veulent encore croire que les Anglais reviendront sur leur décision du 23 juin. Carole Rogers, la présidente de l'Union des Français de l'étranger, essaie de rassurer ses compatriotes.
Carole Rogers a passé les deux tiers de sa vie à Londres et aimerait y rester quelques années supplémentaires si c'est possible. Mais rien n'est moins sûr. A cause de ce fichu Brexit : "Tout le monde se demande ce qui va se passer, et quoi faire pour parer. Mais tant qu'on ne connaît pas l'aboutissement des discussions, il n'y a rien à faire d'utile. C'est le flou artistique, ça va prendre du temps. Je conseille aux gens qui m'appellent de ne pas paniquer. On est toujours au Royaume-Uni !" .
Des Français de Londres déboussolés
Cela fait deux ans que Carole Rogers préside l'Union des Français de l'étranger à Londres. Depuis le référendum de juin dernier, le téléphone n'arrête pas de sonner à l’UFE. Au bout du fil, des Français déboussolés qu'il faut tenter de rassurer : "Il y a une grande inquiétude de toutes les communautés européennes ici. S'il on va vers un Brexit dur, qu'est-ce qui va être négocié au niveau des droits des étrangers ici ?" .
Les Français représentent la deuxième communauté européenne installée à Londres, juste après les Polonais. Carole Rogers est arrivée sur les rives de la Tamise alors qu’elle n’avait que quinze ans. Après des études de droit, elle est devenue avocate à Londres et Paris et a travaillé pour des banques britanniques. Elle est aujourd'hui en contrat avec une société de conseils financiers aux compagnies qui souhaitent se lancer en bourse et y être cotées.
Un marché du travail plus fluide
A Londres, reconnaît-elle, la loi du travail est plus souple : "Les travailleurs ont beaucoup moins de droits qu'en France mais les employeurs, du coup, sont moins stressés pour embaucher, il y a moins de conséquences pour eux s'ils recrutent la mauvaise personne. Il y a une plus grande fluidité sur le marché du travail, ce qui permet de trouver un job plus facilement."
L'UFE ne compte qu'une petite centaine d'adhérents dans tout le Royaume-Uni. L'association se concentre sur l’organisation de conférences, où chaque mois des experts viennent donner des conseils techniques aux expatriés. "Pour le côté festif, on le laisse aux 80 associations françaises présentes à Londres, explique Carole Rogers : Alsaciens, Bretons, anciens de Science Po ou clubs de bridge..."
Brexit ou pas, Londres, avec son image dynamique, attire toujours autant de jeunes Français venus tenter leur chance : "Ils peuvent monter très vite, très haut s'ils sont compétents. Il y a moins ce sentiment comme en France qu'il faut passer les échelons, à chacun son tour." Et beaucoup s'installent ensuite ici. Mariée à un Britannique, mère de deux filles encore aux études, l'une au lycée français Charles-de-Gaulle de Londres, l'autre en école d'ingénieurs à Cardiff, au Pays de Galles, Carole Rogers se rassure comme elle peut sur l'avenir en se disant que dans son milieu, la finance et la City, la grande majorité des Anglais qu'elle croise tous les jours sont contre le Brexit. Comme beaucoup de Français, elle pourrait se résigner à remplir les 85 pages du formulaire de demande de résidence permanente. Ce certificat est aujourd'hui automatiquement accordé.
Aller plus loin
L'Union des Français de l'étranger de Londres
Retrouvez ce portrait dans la Voix de France, le magazine de l'UFE
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