Français du monde. Expatriés : la fin d’une époque
Finis les contrats en or avec loyer, chauffeur, personnel de maison et l'école des enfants payés par l’entreprise. D'ailleurs, on ne parle plus d'expatriation mais de mobilité internationale.
Nomades numériques, ordinateur dans le sac à dos, les jeunes diplômés se jouent aujourd’hui des frontières. Du coup, les associations de Français de l’étranger doivent faire preuve d’imagination pour attirer et fidéliser de nouveaux membres.
L'espace de travail partagé, de cotravail, au dernier étage d'un immeuble d'allure soviétique du centre de Varsovie, grouille de jeunes étrangers. Les bureaux sont modernes, l'accueil est soigné. On se croirait dans le hall d’un grand hôtel. On y croise un peu toutes les nationalités. On estime à 10 à 12 000 le nombre de Français vivant en Pologne. D’ailleurs, on ne parle plus d’expatriation mais de mobilité internationale. Les profils ont changé.
"Les entreprises françaises présentes ici finissent par embaucher des Polonais dans leur encadrement, explique Éric Salvat, président de l'Union des Français de l’étranger (UFE) à Varsovie. Les expatriés de la première heure choisissent souvent de rester, soit ils sont employés en contrat local, soit ils créent leur entreprise. C'est très facile ici, les besoins en capitaux ne sont pas très importants."
Beaucoup de Français viennent travailler en Pologne dans les "BPO", les centres de comptabilité ou d'appels à distance. Problème, pour les associations, ces jeunes ont tendance, plus que leurs aînés, à papillonner : "Ils ont moins d'engagement. Ils viennent à nos événements mais pas systématiquement et pas seulement. Ils gardent un lien avec nous mais ne prennent pas forcément d'adhésion."
Créer une offre intéressante
À Varsovie Accueil aussi, on constate ces changements chez les nouveaux arrivants : "Les conjoints jeunes qui arrivent ont souvent envie de travailler, reconnaît la présidente, Hélène Ferrer. Et puis la ville de Varsovie est très sûre et facile à vivre, Beaucoup de Français se débrouillent par eux-mêmes. Les associations doivent trouver un nouveau mode de fonctionnement pour attirer ces populations."
En organisant par exemple des événements plus festifs, comme des "afterworks", des apéritifs le soir après le travail. L’idée est aussi de faire rencontrer aux nouveaux venus des anciens bien installés. "On doit s’adapter, reconnaît-elle, éventuellement leur proposer une aide pour monter leur société ou se faire du réseau dans le pays."
Difficulté supplémentaire : en Pologne, pays grand comme l’Espagne, les Français ne vivent pas tous à Varsovie. On en croise beaucoup aussi dans les rues de Cracovie, Poznań ou Gdansk.
"Du coup, explique M. Salvat, le seul moyen de les toucher, c’est d’ouvrir des représentations dans ces villes-là et de trouver les leaders pour les diriger. Il faut créer une offre intéressante pour eux. Ils sont non seulement peu écoutés parce qu’ils ne sont pas dans les capitaux, mais aussi peu représentés dans les différents événements nationaux."
Les concurrents les plus sérieux pour ces associations traditionnelles, ce sont finalement les réseaux sociaux sur internet, comme Facebook ou Twitter.
Ecrire à Eric Salvat : eric.salvat@ufepologne.pl
Ecrire à Hélène Ferrer : accueilvarsovie@gmail.com
Aller plus loin
Varsovie Accueil, l'accueil francophone à Varsovie
L'UFE Pologne (Union des Français de l'étranger)
Retrouvez cette chronique sur le site et dans le magazine de la mobilité internationale Français à l'étranger.fr
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