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Français du monde. Le chaos à Hong Kong vu par un entrepreneur français

Hong Kong se prépare à des élections ce dimanche 24 novembre, un scrutin local en plein chaos. L'ex-colonie britannique connaît sa pire crise politique depuis la rétrocession à la Chine. Quel avenir pour le mouvement ? Comment la Chine peut réagir ? Un entrepreneur français témoigne.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Joël Leduc au téléphone avec franceinfo depuis Hong Kong ce vendredi : "Il y a une reprise en main de Pékin qui est en train d'intégrer petit à petit Hong Kong dans le système chinois. C'est le sens de l'histoire" (Photo Leduc)

Hong Kong se prépare à des élections ce dimanche 24 novembre, des élections qui se produisent en plein chaos. Joël Leduc vit à Hong Kong depuis près de 30 ans. Selon lui, si la crise dure depuis près de six mois là-bas, c'est à cause de l'inexpérience des deux camps :

"D'un côté, les manifestants vont trop loin, on a vu un étudiant asperger de liquide inflammable quelqu'un qui disait simplement : "Ne cassez pas tout !" Du côté du gouvernement, personne n'a d'expérience, ce sont des gens mis en place par Pékin complètement déconnectés de la réalité et de la vie à Hong Kong".

Le Français constate aussi que la nature des manifestations a changé depuis juin : "Au tout début, c'était contre un projet de loi sur l'extradition de personnes vers la Chine. La grande majorité de la population était contre. Le projet a été retiré mais le mouvement s'est développé avec une radicalisation des jeunes lycéens et universitaires". 

Manifestation de soutien aux étudiants barricadés dans l'université polytechnique de Hong Kong. (YE AUNG THU / AFP)

Diplômé de l'école d'ingénieurs INSA Lyon et d'HEC, le Français a d'abord développé la filiale d'une société française en Asie avant de monter sa propre société, dans la machine-outils, en 1997, année de la rétrocession. Pour lui, le rapprochement avec la Chine est inévitable :

"Il y a une reprise en main de Pékin qui est en train d'intégrer petit à petit Hong Kong dans le système chinois pour que les deux se rejoignent à terme, avec un contrôle au niveau des libertés, comme celle de la presse. On sait comment le régime de Pékin est organisé, c'est le sens de l'Histoire".

Des incendies provoqués par des manifestants sur le campus de l'Université polytechnique de Hong Kong, bastion de la contestation prodémocratie, le 18 novembre 2019.  (KOKI KATAOKA / YOMIURI / AFP)

Poule aux oeufs d'or

L'ancienne colonie britannique bénéficie d'avantages essentiellement économiques, sur lesquels la Chine ne souhaite d'ailleurs pas revenir selon Joël Leduc :

"Il y a une liberté d'entreprendre totale au niveau des taxes. Aucun revenu n'est ponctionné par Pékin. L'argent généré par Hong Kong reste à Hong Kong et y est réinvesti par le biais d'institutions. C'est une poule aux œufs d'or entre la Chine et l'extérieur, et le gouvernement chinois n'a pas envie de remettre ça en cause. Il y a une vraie volonté de conserver ce système".

Ce qui fait peur à Pékin, c'est bien l'idée même de démocratie : "La manière dont la Chine est organisée et fonctionne aujourd'hui ne peut pas se permettre un régime totalement démocratique, ce serait un chaos monstrueux".

Les employés ont à nouveau rejoint les manifestants hongkongais durant leur pause déjeuner vendredi 15 novembre. (ISAAC LAWRENCE / AFP)

Après la machine-outil, Joël Leduc a monté une deuxième société dans l'emballage. Il fait fabriquer en Chine des boîtes en carton qu'il expédie en France, à des fabricants de chocolats et de macarons.

Ses activités, à lui, ne sont pas pénalisée par les manifestations, ce qui n'est pas le cas des commerçants de Hong Kong : "Tous les gens qui venaient pour dépenser leur argent de Chine populaire ne viennent plus, ils ont peur. Tous les gens qui ont des magasins, qui travaillent dans l'hôtellerie ou la restauration, le commerce de détail, voient leur chiffre d'affaire baisser, ils sont touchés de plein fouet".

Pour lui, les autorités hongkongaises n'ont pas su tirer les leçons de la révolution des parapluies, il y a cinq ans : "Le mouvement s'est essoufflé et rien n'a été fait par le gouvernement pour calmer les gens, pour éviter que ça se reproduise".

L'avenir dira donc si l'histoire se répète. Le scrutin local de ce dimanche, où s'affrontent pro et anti-Pékin, devrait déjà dire de quel côté penche l'opinion, et si elle soutient toujours les manifestants.

Lui écrire : j.leduc@zolatech.com

Des étudiants de Hong Kong lors d'affrontements avec la police, le 14 novembre 2019. (THOMAS PETER / REUTERS)

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Sa société Zola Tech

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