Français du monde. Le Mur de Berlin, trente ans après sa chute
Le Mur est tombé le 9 novembre 1989. Un an plus tard, la réunification des deux parties de Berlin était officiellement signée, mais tout n'est pas réglé. La frontière a disparu au sol, mais elle reste dans les esprits, comme en témoignent ces Français de Berlin.
Michel Dami était à Berlin le soir où le Mur est tombé. Après avoir été militaire quelques années en Allemagne, le Français, né à Ponte-Luccia en Corse, travaillait à l’époque dans le civil, comme trésorier au quartier des Forces françaises. Il avait senti venir le coup, mais pas du tout ce mercredi-là, 9 novembre 1989.
"Ça courait depuis un petit moment, explique-t-il, ce n’était pas à Berlin même, mais à Prague déjà et dans d’autres endroits à l’Est, des ambassades avaient déjà été prises d’assaut plus ou moins, il y avait déjà de la pression politique. Depuis, beaucoup de gens essayaient de passer et c'est tombé du jour au lendemain.C'est vrai que la nouvelle a été rapide. On n'était pas prêts, en fin de compte, à tout ça."
Pans de béton
Nicole Kramer n’y croyait pas non plus. Née à Marseille, installée à Berlin depuis 52 ans, trésorière de l’UFE Berlin, l’Union des Français de l’étranger, 4 jours avant, elle s’était même risquée à jouer gros avec un gradé :
"J'ai dit "vous savez, capitaine, notre génération ne verra jamais le Mur tomber, jamais ! Je suis prête à parier mon salaire par exemple." Mon mari m'a regardé et m'a dit "tu es folle ou quoi ?" J'ai dit "tu sais, de toute façon, c'est une chose qui ne va jamais arriver, alors je peux parier gros !"
30 ans après, que reste-t-il du Mur ? Quelques pans de béton ont survécu le long de la Sprée, la rivière qui traverse Berlin, avec des fresques passées à la postérité, comme le baiser fraternel socialiste entre Erich Honecker, l’homme fort de la RDA, et Leonid Brejnev, le dirigeant soviétique, devant lesquels les touristes adorent se prendre en photo.
Nicole Kramer affirme que certains anciens de l’Est regrettent encore l’époque d’avant 1989 : "Les gens de l'Est, aujourd'hui encore, ils aimeraient bien ravoir le Mur, mais ils voudraient avoir tous les avantages qu'ils avaient, parce qu'ils étaient assistés quand même. Ce qu'ils aimeraient aussi, c'est la monnaie et l'autorisation de voyager, parce que c'est les deux choses qu'ils n'avaient pas."
Encore du temps
Les jeunes Berlinois, eux, sont passés à autre chose, témoigne Raoul Emme, né à Toulon, ancien militaire à Berlin aujourd’hui à la retraite :
"Les jeunes ne sont pas au courant, ils ne s’intéressent pas. La génération qui est née dans les années 80, ils connaissent, mais les gens qui sont nés dans les années 90, c’est fini, c’est oublié. Ma fille est née en 1992, elle n’a jamais vu le Mur, elle ne sait pas ce que c’est."
Le Mur est tombé. Un an après, l’acte solennel de réunification était signé, mais il faudra encore du temps pour effacer toutes les différences. "La partie Est, ils ont des salaires moins importants, entre 10 et 15% de moins qu'à l'Ouest. Ils perdent beaucoup de points sur leur retraite. C'est pas évident. La chute du Mur, ça fait 30 ans, je peux vous dire, ce n'est pas encore réglé, il y a encore beaucoup de problèmes."
Ironie de l’histoire, l’Est est devenu aujourd’hui la partie la plus branchée de la capitale allemande avec ses bars et ses cafés à la mode. C’est ici aussi que l’on trouve les projets immobiliers les plus ambitieux de Berlin.
Ecrire à Michel Dami : michel@dami24.de
Ecrire à Nicole Kramer : wernic96@gmail.com
Ecrire à Raoul Emme : raoulemme@gmail.com
Aller plus loin
Retrouvez cette chronique sur le site de la mobilité internationale Français à l'étranger.fr
L'UFE Berlin, l'Union des Français de l'étranger
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