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Français du monde. Le réchauffement climatique fait ses affaires au Québec

Laurent Arnaud s'en excuserait presque, mais depuis que l'hiver se réduit chaque année un peu plus comme peau de chagrin, ses patinoires artificielles s'arrachent dans toute la province.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Laurent Arnaud à Québec "Aujourd'hui, avec le réchauffement, même les lacs gelés depuis des années ne tiennent plus autant de temps" (SYNERGLACE)

Laurent Arnaud est arrivé à Québec en 2015, comme directeur de la filiale Canada de la société Synerglace. Sa spécialité, c'est l'installation de patinoires mobiles réfrigérées.

"On s'occupe de l'agencement complet, détaille-t-il, jusqu'au chalet et à la location de patins et d'équipements, casques, bobbies pour apprendre à patiner." Rien que cet hiver, il en a monté une douzaine, à Québec, sur les plaines d'Abraham, ou dans le parc Jean Drapeau de Montréal.

Avec le réchauffement climatique, on peut utiliser les patinoires naturelles à peine plus de deux mois, de fin décembre à début février

"En 1992, quand je suis venu, il y avait des patinoires à tous les coins de rue, se souvient-il. On mettait un coup de jet d'eau la nuit et hop ! Le lendemain, on pouvait patiner, tout était gelé. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Même les lacs gelés depuis des années, ils ne tiennent plus autant de temps." 

Les patinoires artificielles prennent donc le relais : un tapis refroidi par des tubes d'aluminium dans lesquels circule l'eau glacée par un système électrique. Ici, l'énergie est beaucoup moins chère qu'en France. Impossible de s'en passer au Canada, où le hockey sur glace est LE sport national. "Derrière chez moi, j'ai une patinoire ouverte sur un terrain vague, témoigne le Français. Les enfants sortent de l'école, ils goûtent, prennent leurs patins et vont jouer une heure, une heure et 1/2. C'est éclairé quasiment toute la nuit, on pourrait très bien jouer jusqu'à 4 heures du matin." 

Les locaux de Synerglace à Québec. Dans la province, le taux de chômage dépasse à peine 4 % (SYNERGLACE)

Tour Eiffel

Né à Annecy il y a 40 ans, Laurent Arnaud commence sa carrière comme directeur de l'équipe de hockey sur glace de Mulhouse, les "Scorpions". Sa première venue au Québec remonte à 1995, pour le tournoi international Pee-Wee à Montréal. Entre-temps, il a sympathisé avec le directeur de la patinoire alsacienne, qui crée, en 2000, la société Synerglace. La filiale emploie aujourd’hui au Canada deux personnes à l'année et une dizaine de saisonniers.

Ses clients sont des mairies, des collectivités, des entreprises privées ou des clubs de hockey. Au Québec, le taux de chômage dépasse à peine 4 %. Pas évident, dans ces conditions, d’attirer les talents. Laurent Arnaud peine surtout à embaucher des dessinateurs techniques AutoCAD : "Ce sont des gens qui vont faire des plans pour présenter au client la forme de sa patinoire, avec l'unité de refroidissement à tel endroit, que visuellement il ait quelque chose de précis." 

En France, la société a quelques jolis coups à son actif, comme une patinoire installée au 1er étage de la Tour Eiffel, une autre de 400n m² à l'intérieur du Grand Palais ou une encore au Stade de France. Synerglace a aussi des marchés en Tunisie et au Maroc. Depuis le Canada, la société vise aujourd'hui les États-Unis, tout proches.  

Lui écrire : laurent.arnaud@synerglace.ca

Les locaux de Synerglace à Québec. La filiale emploie deux personnes à l'année et une dizaine de saisonniers (SYNERGLACE)

Aller plus loin

Sa société Synerglace

Retrouvez ce portrait sur Vivre à l'étranger.com, le site de la mobilité internationale du groupe Studyrama

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