Français du monde. Londres à l'heure du Brexit
Des dizaines de milliers de travailleurs étrangers fuient en masse la capitale britannique de peur des conséquences de sa sortie de l'Union européenne. Pour d'autres, il est urgent d'attendre… et de ne pas céder à la panique !
Non, Londres, ce n'est pas terminé pour les étrangers !
Les jeunes sont toujours les bienvenus, malgré le Brexit, martèle Thibault Dufresne. Le Français vit depuis trois ans sur les rives de la Tamise. Il dirige le centre Charles Péguy, une association dont le but est de trouver un job aux jeunes francophones qui débarquent à Londres. On ne s'inscrit d'ailleurs qu'une fois sur place.
"Majoritairement, il y a trois secteurs qui continuent à bien recruter, explique Thibault : l'hôtellerie-restauration, la vente et l'administration. On est sur des premières expériences professionnelles. Ces jeunes s'en servent pour évoluer à Londres ou comme un tremplin vers d'autres pays anglophones."
Moyennant 65 euros, le centre Charles Péguy vous ouvre son réseau de 500 entreprises
Il vous donne aussi l'accès à ses traducteurs bénévoles pour rédiger votre CV en anglais. Bien sûr, depuis l'enclenchement du Brexit fin mars dernier, l'inquiétude est palpable.
"On a beaucoup de questions du genre : "est-ce qu'on aura besoin d'un visa ou d'un permis de travail après ?" Les réponses arriveront au compte-goutte. Je leur dis "venez maintenant, la livre a baissé de 10 %, il y a toujours autant de jobs et de stages. On reste sur du plein emploi !"
Le centre Charles Péguy fait partie du CEI, le centre d'échanges internationaux, né il y a 70 ans à Londres, cofondé par le grand-père de Thibault Dufresne lui-même : "On était au lendemain de la Seconde guerre mondiale, raconte-t-il. Ils étaient deux Allemands et deux Français. Ils se sont dit : "qu'est-ce qu'on fait pour arrêter de se taper dessus tous les 30 ans ?" Alors, ils ont décidé de rapprocher la jeunesse allemande et française. Ils ont développé les premiers séjours linguistiques entre les deux pays."
1 000 candidats par an
Thibaut Dufresne, 33 ans, parisien, a commencé sa carrière dans un cabinet de conseil anglo-saxon à Paris. Il s'envole ensuite pour Rio de Janeiro où il développe pendant 5 ans des échanges économiques entre sociétés françaises et brésiliennes. Il vit aujourd'hui en famille dans l'est de Londres, à Shoreditch, ancien quartier ouvrier réhabilité après les J0 de 2012.
"Les Français sont la deuxième communauté présente à Londres après les Polonais, détaille-t-il, et avec les Italiens et les Espagnols. Ils sont 300 à 350 000. Vous entendez parler français partout dans la rue à Londres !"
Avec trois conseillers seulement, le centre Charles Péguy affirme placer 1 000 candidats chaque année, la plupart en CDI. L'association, à but non lucratif, lance d'ailleurs un appel aux administrations françaises pour construire des échanges autour de la mobilité :
"La branche internationale de Pôle emploi pourrait utiliser notre expertise locale pour mettre en relation les demandeurs d'emploi en France et les offres disponibles à Londres. On connaît bien les employeurs et leurs recherches, ainsi que les profils des demandeurs d'emploi." L'invitation est lancée…
Aller plus loin
Le centre Charles Péguy de Londres Le CEI (centre d'échanges internationaux) à Londres Retrouvez cette chronique sur Vivre à l'étranger.com, le site de la mobilité internationale du groupe Studyrama.
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