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Français du monde. Suisse : des chômeurs moins bien lotis qu'en France

Alors qu'entrait en vigueur en France, le 1er novembre dernier, la réforme de l'assurance chômage, qu'en est-il chez nos proches voisins ? En Suisse, la priorité, c'est le retour à l'emploi. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Stéphane Auckenthaler en famille à l'Aiguille du midi  (Photo Auckenthaler)

Stéphane Auckenthaler a créé et dirige depuis cinq ans à Genève la filiale d'une société française de services informatiques. Elle emploie aujourd'hui 42 personnes. Pour lui, on n'a beau n'être qu'à quelques kilomètres de la frontière, la culture au travail est bien différente sur cette rive-ci du lac Léman.

En Suisse, on fonctionne à l'anglo-saxonne

Avec des contrats moins protecteurs pour le salarié que les CDI français, pas de RTT et une assurance chômage bien plus limitée : "L'objectif principal n'est pas d'indemniser les gens mais de les remettre au travail. La première chose qu'ils font quand il y a un chômeur, ils le forment pour qu'il retrouve vite un boulot, alors que le premier engagement de l'Unedic en France, c'est d'abord de payer les chômeurs".

Ceux qui travaillent veillent eux à conserver toute leur employabilité. "En Suisse, les sociétés qui ont besoin de consultants le font pour de la valeur ajoutée, pas seulement pour du capacitaire. Les salariés, eux, se certifient et investissent eux-mêmes pour retrouver un job en cas de chômage, explique le Français. Ils sont autonomes dans leur façon d'appréhender le marché du travail, ils investissent sur leur formation, alors qu'en France, ce sont les entreprises qui certifient. Les collaborateurs sont plus passifs".

Déficit de ressources

On pense d'emblée à la finance, mais c'est dans les services informatiques que les embauches d'étrangers sont les plus nombreuses aujourd'hui en Suisse. "Il y a vraiment un déficit de ressources, témoigne-t-il. La filière royale ici, c'est la banque, c'est celle qui rémunère le mieux. Pour l'informatique, le niveau d'études, c'est le BTS et après des écoles polytechniques, qui correspondent aux grandes écoles en France. On a les techniciens et les élites, mais rien entre les deux, alors que ce sont ceux qui font le gros du travail. Du coup, ils viennent les chercher dans les pays limitrophes".

Avec un argument massue : en Suisse, les salaires sont en moyenne 30% plus élevés, mais le coût de la vie et le logement aussi. Alors beaucoup choisissent de s'installer côte français. Stéphane, son épouse et leurs deux enfants vivent ainsi à Messery, en Haute-Savoie. Tous les deux travaillent à Genève et passent chaque jour entre une heure et demie et deux heures dans les transports.

"Il faut imaginer 80 000 frontaliers qui arrivent sur une ville de 300 000 personnes sur des petites routes avec des douanes en même temps, le tout concentré en deux heures de temps". Cela pourrait changer avec la mise en service du "Léman Express", un RER qui dessert désormais toute la périphérie de Genève et qui devrait désengorger les routes.

Lui écrire : stephane.auckenthaler@apside.ch

Aller plus loin

Sa société ApSide

Retrouvez cette chronique dans le magazine et sur le site de la mobilité internationale Français à l'étranger.fr

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