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Comment l'Agence spatiale européenne a raconté en temps réel le périple de Philae

L'ambition, l'attente, le succès puis les incertitudes : cette journée historique du 12 novembre répond à une nouvelle stratégie de l'agence spatiale européenne sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par Thomas Rozec
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Au centre de contrôle des opérations de l'Agence spatiale européenne en Allemagne © Maxppp)

Il est 17h04 lorsqu'on apprend que le robot Philae, détaché de la sonde Rosetta, se pose sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, aussi appelée "Tchouri".

A Darmstadt, en Allemagne, les cris de joie émanent du centre de contrôle des opérations de l'Agence spatiale européenne (ASE). Ils ont réussi pour la première fois dans l'histoire à poser un objet sur une comète. A plus de 510 millions de kilomètres au-dessus des têtes des internautes qui ont pu suivre le largage, les quelques heures de battement et les premières photos grâce à un direct vidéo suivi à certains moments par près d'un million de personnes. Sur Twitter, plusieurs hashtags ont été utilisés - et sont rapidement arrivés parmi les plus mentionnés de la journée : , ou encore .

Une sonde et un robot connectés

et ont chacun leur profil Twitter. L'Agence spatiale européenne (ASE) dispose elle d'un compte Facebook et Youtube. Et même d'un Soundcloud où l'on peut entendre la mélodie de la comète.

{% embed soundcloud %} Ces supports participent à une stratégie rodée de communication sur les réseaux sociaux, même si Fernando Roblas, directeur de la communication de l'Agence spatiale européenne interrogé par France Info préfère parler de "fait-maison" . "Nous avons montré tout. On partage nos émotions aussi. C'est une logique de transparence qui est risquée mais c'est aussi par honnêteté intellectuelle. Second objectif : faire que les gens s'approprient le message et les valeurs de la mission ", résume-t-il.

Cinq-six personnes ont été mobilisées dans une salle pour faire vivre cette journée historique aux internautes en une dizaine de langues. Il y avait un scénario de base déjà écrit mais cela a été adapté au cours de la journée, raconte-t-il. Lui se trouvait dans une autre salle en compagnie d'un représentant de leur partenaire, Twitter, pour filtrer les tweets de personnalité parlant de Philae avant de les diffuser sur grand écran lors de la vidéo-transmission. Un dispositif qui entend se rapprocher de la culture numérique déjà bien ancrée de l'agence spatiale américaine, la NASA, même si le budget investi est moindre.

Au-delà des supports, l'intérêt réside dans la manière dont ils ont été utilisés. Quand vous lisez les tweets échangés entre Rosetta, la sonde-mère en quelque sorte et le petit robot Philae, on a l'impression d'assister à une séparation entre un parent et un enfant en âge de prendre son envol. Exemple, peu de temps avant la séparation, Philae écrit : "Elle va me manquer, mais j'ai hâte de voir la surface de la comète".

Ou encore ces tweets échangés à une minute d'intervalle. "Es-tu prêt à sauter, Philae? " Réponse: "Je suis prêt quand tu le seras. Tu me donnes un petit coup de coude?"

Pédagogie, proximité et vulgarisation

Ce ton se retrouve aussi dans un court dessin animé mis en ligne il y a deux semaines sur le compte Youtube de l'Agence spatiale européenne pour expliquer aux petits et aux grands les dessous et les motivations de l'opération. Objectif : s'approprier l'histoire de Rosetta et Philae.

Sur les réseaux sociaux, Fernandos Doblas explique que l'agence mise sur la pédagogie, la proximité et la vulgarisation du savoir scientifique. Un autre court-métrage futuriste "Ambition" a été diffusé à plusieurs reprises lors de la journée dans la salle principale de contrôle des opérations en Allemagne.

"Ce sont des choses qui étaient presque impensables pour une organisation aussi sérieuse, technique et scientifique. On a fait le pari pour atteindre d'autres cibles comme les jeunes ", explique Fernando Doblas. Quant à Philae et Rosetta, elles devraient continuer à communiquer régulièrement en ligne (Philae jusqu'en mars, Rosetta jusqu'en décembre 2015) sur des informations scientifiques glânées sur la comète comme le champ magnétique ou les composants minéraux.

Bonus : Certains internautes ont cru à tort que la NASA était à l'origine d'une nouvelle prouesse spatiale. Et la NASA de rectifier le tir sur Twitter à de multiples reprises.

 

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