La fillette virtuelle Sweetie fait condamner un 1er pédophile en Australie
Selon l'ONG néerlandaise à l'origine de l'opération Sweetie qui a eu recours à l'avatar d'une jeune Philippine de neuf ans pour discuter et traquer des pédophiles présumés, c'est une première condamnation qui a été prononcée. "Nous avons été contactés par la police australienne et ils nous ont demandé de témoigner et de soumettre plus d'informations sur l'opération Sweetie ", explique Hans Guijt; chef des opérations de l'ONG Terre Des Hommes interrogé par France Info. L'homme a écopé de deux ans de prison mais il ne devrait finalement pas se retrouver derrière les barreaux car il a déjà été soumis à une peine de probation et à des soins obligatoires.
Dans son dossier qui a été présenté au tribunal, des preuves rassemblées par la police à la suite d'un mandat de perquisition, notamment de la pédopornographie retrouvée sur son ordinateur. Mais aussi ce qui a donné lieu à l'ouverture d'une enquête, l'envoi de photos d'enfants nus et les extraits de discussion entre cet homme et une fillette de 9 ans créée de toute pièce par l'ONG Terre des Hommes. La BBC a pu avoir accès aux captures d'écran des conversations. "J'aime les asiatiques, es-tu prête pour un peu d'action ? " par exemple. Ou encore "Veux-tu voir un homme nu ? ". Entre cette discussion et cette inculpation, il s'est passé plus d'un an.
Comment cette opération a fonctionné?
En 2013, à peu près 20.000 personnes dans 71 différents pays étaient entrées en contact avec l'avatar de la fillette pendant une opération qui a duré deux mois et demi. Quatre salariés de Terre des Hommes, une ONG impliquée depuis longtemps dans la lutte contre le tourisme sexuel en Asie du Sud-est y travaillaient à temps plein. Le millier d'individus qui a pu être identifié par l'ONG était sur le point de payer pour des actes sexuels par caméras interposées. Les conversations étaient alors immédiatement arrêtées et les prédateurs traqués. En France, onze pédophiles présumés avaient été identifiés par exemple.
"Ces hommes pensent être à l'abri, que personne ne les regarde. Ils ont tellement envie de maintenir le contact avec des enfants philippins de 10 ans qu'ils donnent très souvent volontairement des informations sur eux. Nous avons prétendu par exemple que notre connexion Internet était mauvaise et que nous préferions parler pas Skype ou par mail. Et la majorité le faisait. Puis, nous faisions une capture d'écran de leurs visages ", raconte Hans Guijt. Tout avait été ensuite remis à Europol puis à Interpol même si l'ONG n'entend pas se substituer à la police.
"Nous avons seulement leur intention d'abuser des enfants"
"Les opérations où les policiers se font passer pour des enfants en ligne ne sont pas autorisées dans de nombreux pays comme les Pays-Bas, l'Allemagne, le Danemark ou la Belgique. Nous n'avons pas mis en scène des actes sexuels. Nous n'avons pas demandé d'argent. En d'autres mots, nous avions seulement leur intention d'abuser des enfants via la webcam et prouver une intention est très difficile en droit ", analyse Hans Guijt qui a supervisé l'opération "Sweetie" pour l'ONG Terre des Hommes. D'autres enquêtes sont en cours, mais l'ONG n'est pas tenue au courant du suivi de l'ensemble des dossiers. Elle n'a en tout cas pas l'intention de renouveler l'expérience, traumatisante pour certains de ses salariés. Hans Guijt espère maintenant que la police fera davantage en matière de lutte contre la pédopornographie
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