WikiLeaks : comment les agents de la CIA doivent agir dans les aéroports
Révélés dimanche par le site Wikileaks et publiés sur Rue89 ainsi que trois autres médias allemand, grec et espagnol, les deux documents de la CIA classés NOFORN - qui ne peuvent pas être partagés avec les services secrets de pays alliés - datent de 2011 et de 2012. Le premier "Surviving Secondary" consiste en un guide compilant des conseils pratiques à ses agents secrets lorsqu'ils doivent passer des frontières et sont donc susceptibles d'être contrôlés voir fouillés par la police aux frontières d'autres pays.
"On était habitués depuis les révélations Snowden à voir des documents fuiter de la NSA et de son équivalent britannique, le GCHQ. Des manuels classés secret défense de la CIA, ce n'est pas courant", estime Jean-Marc Manach, journaliste français interrogé par France Info, qui a eu accès en amont à ces documents après avoir collaboré à de multiples reprises avec Wikileaks.
Pour ne pas se faire repérer, le service jusqu'alors inconnu Checkpoint, qui fait partie de la direction de la science et de la technologie de la CIA, rappelle des choses plutôt basiques : ne pas être habillé de manière négligée, éviter de voyager seul ou de prendre un aller simple payé en liquide.
Ne pas se laisser trahir par son discours ou son visage
Par ailleurs, si ceux-ci sont interrogés, qu'ils parlent de manière simple et brève sans se confondre dans des détails rajoutés superficiellement pour avoir l'air davantage crédibles dans leurs couvertures car les techniques de "profiling" sont de plus en plus perfectionnées. "C'est étonnant d'ingénuité dans certains cas" , avance Jean-Marc Manach."Ces conseils de bon sens pourraient intéresser d'autres personnes face à des contrôles tatillons de douaniers ", ajoute-t-il.
La CIA parle de "menace" directe dans le cas d'interrogations dans l'espace d'inspection secondaire "en raison de l'ampleur et la profondeur des recherches" face à la personne ou en recherchant des informations en ligne.
Exemple dans un aéroport européen avec un agent ayant une tenue trop décontractée pour une personne détentrice d'un passeport diplomatique comme couverture. Une recherche approfondie montre des traces d'explosifs dans son bagage. L'espion a pu s'en sortir en arguant revenir d'une formation anti-terroriste à Washington. Jean-Marc Manach s'étonne, lui, des références contenues dans le manuel aux conseils d'une compagnie de sécurité aéroportuaire israélienne ICTS pourtant en charge des contrôles à Amsterdam lors de l'attentat raté sur le vol Amsterdam-Détroit fin décembre 2009.
Les craintes d'une collecte de données biométriques
Le second document "Schengen Overview" est, lui, entièrement consacré aux inquiétudes de la CIA sur l'introduction progressive dans la zone européenne Schengen de contrôles biométriques d'ici 2015 pour les passeports américains. Car il est alors plus facile de démasquer des fausses identités à l'aide d'empreintes digitales. "Ces manuels montrent que même sous l'administration d'Obama, la CIA a toujours l'intention de s'infiltrer au-delà des frontières européennes pour conduire des opérations clandestines dans les Etats-membres de l'Union européenne ", écrit Julian Assange, le co-fondateur de Wikileaks dans un communiqué. Il y a quelques jours, le site rendait public un mémo de la CIA sur son programme d'assassinats ciblés.
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