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1914-1918, franceinfo y était. 15 décembre 1918 : L'épreuve de la démobilisation

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "L'épreuve de la démobilisation".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Hélène Lam Trong
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des soldats français démobilisés, en tenue civile, en décembre 1918. (FRANTZ ADAM / AFP)

1914-1918, franceinfo y était. 15 décembre 1918 : L'épreuve de la démobilisation

La polémique enfle autour de la démobilisation des soldats. Un mois environ après la fin de la guerre, l’organisation militaire est de plus en plus décriée. Après plusieurs années passées au front pour beaucoup d’entre eux, les hommes doivent encore séjourner dans des camps avant de retrouver leur foyer. Et la colère monte de plus en plus face aux conditions de ce rapatriement. Hélène Lam Trong, vous avez pu rentrer dans l’un de ces camps, celui de Mailly, dans l’Aube, et l’ambiance est tendue...

Ici, le froid et la boue entament la patience des hommes, qui sont pour la plupart dans un état de fatigue physique et moral très avancé. Vous l’avez dit, la guerre est terminée depuis plusieurs semaines maintenant, mais à Mailly, les conditions de vie sont à peine meilleures que sur le front. Le froid et l’humidité de ce mois de décembre n’arrangent rien... Imaginez un gigantesque champ de 12 hectares de boue collante hérissé de tentes qui ne suffisent même pas à accueillir tous les soldats...

La nourriture est infecte et, surtout, les rations ne comprennent ni pain ni vin. Cela ajouté à l’épuisement et à l’envie désormais irrépressible de rentrer à la maison fait un cocktail détonant. Et des hommes difficiles à tenir. La discipline est un véritable cassetête ! Même les trains – souvent de simples wagons à bestiaux – arrivent et partent de façon totalement anarchique.

Une fois qu’ils quittent le camp, leur épreuve est-elle enfin terminée ?

Probablement pas. Car la démobilisation s’annonce tout aussi compliquée pour les hommes une fois rentrés chez eux. Ils repartent tous avec un pécule de 490 francs, mais pas sûr qu’ils seront nombreux à trouver l’énergie pour retourner au travail. Ils ont quinze jours après leur démobilisation pour faire valoir leurs droits auprès de leur ancien employeur. Beaucoup laisseront passer la date. Et puis les places sont souvent prises… quand les entreprises elles-mêmes sont encore là.

Au total, ce sont 5 millions de soldats qui attendent leur tour pour retrouver leurs proches. Au rythme où se fait la démobilisation au camp de Mailly, le retour à la maison des poilus, notamment des plus jeunes, qui sont tout en bas de la liste, pourrait prendre encore de longs mois

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