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Olympic Esport Series : "Pourquoi est-ce que le CIO s'est orienté vers ce genre de choix ?", s’interroge Laure Valée

Les internautes et les joueurs n'ont pas tardé à manifester leur vive déception au sujet des "Olympic Esports Series", sorte de JO de l’esport qui se dérouleront à Singapour, en juin prochain. Décryptage avec Laure Valée, consultante pour franceinfo.
Article rédigé par Jules de Kiss - Benjamin Fontaine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des jeux d'esport sélectionnés pour les Olympic Esports Series de SIngapour, en juin prochain, qui déclenchent l'ire des fans d'esport et des joueurs. (JOC)

Un sujet épineux et polémique parmi les joueurs d'esport : l'organisation à Singapour des Olympic Esport Series, du 22 au 25 juin prochains, une compétition mondiale de sports virtuels et de simulations sportives, créée en collaboration avec des Fédérations Internationales (FI) et des éditeurs de jeux vidéo. Le Comité international olympique est à la manœuvre. Et les jeux qu’il a sélectionnés pour la compétition laissent perplexes les fans d'esport et les joueurs.

franceinfo : Quels sont d'abord les Jeux représentés ? 

Laure Valée : Les Jeux représentés, ce ne sont pas des jeux que nous, en tant que fans d'esport, on aurait attendus. En l’occurrence, il s'agit de simulation de tir à l'arc, de baseball, d'échecs. On parle de vélo également, de danse, de sport mécanique, du tennis et du taekwondo. Donc beaucoup de sports traditionnels, mais ces Olympic Esport Series font en effet vraiment débat. 

Où sont passés les très populaires League of Legends ou Rocket League dont on parle souvent ici ?

C'est justement ce que l'on se demande. Quel a été le choix ici ? Pourquoi est-ce que le CIO s'est orienté vers ce genre de choix ? Le problème, justement, quand on parle d'esport aux Jeux olympiques, généralement, c'est qu'on se dit : quels jeux pour représenter l'esport ?

Le souci de prendre un League of Legends ou un Rocket League, et de délaisser peut-être un Counter Strike, jeu de tir, ou un FIFA, basé sur le foot, c'est que des communautés se sentiraient mises de côté. Donc ici, le CIO, a fait le choix d'opter justement pour des simulations de sport qui impliquent une dimension physique le plus souvent, et qui sont donc très loin de ce qu'on connaît dans l'esport. 

Et pourquoi le CIO fait-il ses choix ? Est-ce que c'est compris d'ailleurs dans le milieu de sport ? 

Ce n'est pas compris justement. C'est vrai que c'est quelque chose que nous, on a du mal à voir, encore une fois, la question de l'esport aux Jeux olympiques, elle est assez épineuse. On voulait vraiment voir une compétition en marge des J.O, mais avec des jeux qui nous représentent davantage.

La difficulté aujourd'hui, c'est que le CIO n'est peut-être pas forcément en contact avec des personnes de l'industrie de l'esport, ou alors elle n’écoute pas ce qu’on lui dit, ou tout simplement le CIO veut des choix d'esport qui ressemblent aux valeurs du CIO, donc aux valeurs du sport. Et c'est pour ça qu'on a des résultats qui sont très loin de ce qu'on aurait pu espérer, quand on est fan de jeux vidéo aujourd'hui. 

Ça veut dire qu'on n'y verra pas de grandes équipes d'esport ?

On ne verra pas de grandes équipes d'esport, mais on y verra peut-être des esportifs qu'on connaît. Je pense à Dina, justement, qui est joueuse de Just Dance, une Française multiple championne du monde. J'espère qu'on aura l'occasion de la retrouver aux Olympic Esports Series de Singapour. Mais en tout cas, oui, les Faker et les grands joueurs d'esport, c'est sûr qu'ils n'y seront pas. 

Le CIO a fait savoir que cette esquisse de Jeux olympiques de sport électronique pourrait avoir lieu tous les ans désormais. Et Paris est candidate pour accueillir la compétition l'an prochain, en même temps que les JO 2024.

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