Histoire de folles rumeurs. 1968, le joli mois de mai… des rumeurs
Le gouvernement est sur le point d’envoyer les chars : voici l'une des rumeurs qui ont circulé durant les événements de mai 1968 en France. Les contestations, les discordes sont toujours sources de nombreuses rumeurs.
La police tue les étudiants et les jette dans la Seine. Cela ne fait aucun doute parmi les manifestants. "CRS = SS", hurlent-ils à pleins poumons toute la journée, pas étonnant qu’ils agissent comme tels. En mai 1968, rien de tel cependant, et cela doit beaucoup à l’action du préfet de police Maurice Grimaud qui sut calmer les ardeurs des forces de l’ordre et notamment des policiers de Paris, absolument pas préparés à ce genre d’affrontements.
La fin du mois de mai voit se multiplier les rumeurs, qui traduisent la nervosité des différents acteurs à un moment-clé de l’agitation sociale. Il y a d’abord, le 28 mai, la rumeur que le gouvernement est sur le point d’envoyer les chars pour écraser le mouvement, comme les Soviétiques l’ont fait à Budapest ou à Prague. À la base de cette rumeur, l’ordre donné par le Premier ministre de transférer les tanks de la base de Satory, à Versailles, à Paris. Ils ne doivent se tenir prêts à intervenir que si la police ne parvient pas à contenir les débordements.
La France n'a plus de chef de l'État
Le lendemain, le 29 mai, De Gaulle quitte l’Elysée après avoir reporté le Conseil des ministres. S’il va à Colombey, il doit atterrir vers 13h, or, nulle trace du président de la République. Dans les rédactions et les QG des partis politiques, une rumeur prend corps. Elle s’appuie sur une dépêche d’Associated Press qui le dit en Alsace. Et si le général de Gaulle était à Strasbourg pour planifier la reconquête de Paris ? Et s’il avait quitté la France ? Le pouvoir ? Cette rumeur n’est pas sans fondement quand on sait que le général était allé en fait à la rencontre du général Massu à Baden-Baden, ne sachant plus s’il devait poursuivre sa mission à la tête de la France… Et l’on dit que De Gaulle avait décidé de quitter Paris ce jour-là en raison d’une autre rumeur : celle d’une insurrection communiste qui aurait pour objectif la prise de l’Elysée. Dans un témoignage postérieur, le secrétaire général de la CGT Georges Séguy apportera un démenti total à cette rumeur.
On l’a vu avec les "gilets jaunes", les mouvements sociaux charrient avec eux de l’espoir, de la colère... et leur lot de rumeurs.
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