Histoire de folles rumeurs. Le sempiternel retour de la camionnette blanche qui sert à enlever des enfants
C'est une vieille histoire, récurrente. L'histoire d'un véhicule qui rôderait dans des rues à la recherche d'enfants pour les enlever. Suivant les pays on passe d'une Volga noire à une camionnette blanche...
Au début du mois de décembre, sur l'Île de la Réunion, les réseaux sociaux s'affolent : enlèvement, jeune fille, camionnette blanche... En mars, c'était en Seine-Saint-Denis que la camionnette blanche apparaissait. C'est l'histoire donc d'une camionnette blanche, conduite par des roms ou pas, qui enlèveraient des enfants à la sortie des écoles. En Île-de-France, à la Réunion, ou ailleurs les années passées, il y a des tabassages pour une rumeur, le plus souvent. Mais pas toujours parce qu'il y a vraiment des enlèvements d'enfants et que le blanc est la couleur dominante dans la gamme des six millions de véhicules utilitaires en France !
Donc, statistiquement, il y a plus de risques qu'un criminel enlève un enfant en circulant dans une camionnette blanche qu'une voiture de sport rouge.
Une rumeur qui date depuis plusieurs années mais semblable dans le scénario
La spécialiste des légendes urbaines Aurore van de Winkel a observé que seuls des détails liés à la culture changeait : Aux Etats-Unis, dans les années 80, on ne parle pas de camionnette blanche, c'est en France et en Belgique, à la suite des affaires Fourniret et Dutroux, mais on y évoque les camionnettes de glaciers. Avec des kidnappeurs éventuellement déguisés en clowns. Dans les années 60 et 70, en Russie, en Pologne, en Hongrie et en gros dans les pays du bloc de l'Est, pas de camionnette blanche, mais une Volga noire (qui est la voiture la plus vendue à l'époque).
Si cette rumeur voyage et s'adapte, et qu'elle conduit à des dérapages, c'est paradoxalement par bienveillance parce qu'il faut protéger les enfants, et qu'on n'est jamais trop prudent, surtout pour leur faire rentrer dans le crâne qu'on ne monte jamais dans la voiture d'un étranger. Pas étonnant que les réseaux sociaux croulent par moments sous les messages d'avertissement contre un utilitaire blanc, écrasant les démentis des autorités.
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