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1963: le procès d'Auschwitz, l'occasion ratée

Alors que l'Allemagne s'apprête à juger deux ex-SS d'Auschwitz, retour sur le procès de Francfort, qui devait être celui d’Auschwitz et à travers lui, celui de l'Allemagne nazie.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour ce matin à la fin de l’année 1963. Près de 20 ans après le procès de Nuremberg, s’ouvre à Francfort un nouveau procès du nazisme. Le procès d’Auschwitz. France Inter, le 19 décembre 1963 :

"Vingt ans après que les cheminées du camp d'Auschwitz se sont éteintes, 22 des tortionnaires du camp de la mort vont répondre des horreurs que l'on sait. Mais qui étaient ces gens, ces bourreaux, ces personnages dont 250 témoins viendront dire l'effrayant sadisme ? Eh bien, des Allemands moyens. L'avocat général le dira: oui, dira-t-il, c'était des gens quelconque qui purent occasionnellement donner libre cours à leurs instincts féroces. Il y a là un commerçant, un ingénieur, un employé, des médecins, des dentistes, des pharmaciens... "

22 prévenus c’est très peu comparé au 6 à 8.000 SS qui ont permis aux différents camps d’Auschwitz de fonctionner. Mais le Procureur Fritz Bauer est davantage intéressé par faire le procès d’un camp et plus largement du nazisme, que celui des hommes.

Qui plus est, et on l’a bien entendu dans la voix du journaliste, il s’agit aussi de pointer la culpabilité des Allemands en présentant les prévenus comme des gens normaux.

Mais la limite de ce procès, c’est qu’il fallait prouver que les SS dans le box des accusés étaient eux-mêmes directement coupables de crimes de leur propre chef, la loi allemande ne reconnaissant pas alors les crimes commis en application des ordres reçus.

Durant le procès, les prévenus nient ou refusent de témoigner, leur meilleure défense. Illustration avec cet échange entre le procureur Joachim Kügler et l’un des principaux prévenus, Robert Mulka, l’adjudant du commandant du camp :

  • Je n’étais pas impliqué dans le gazage…
  • Je vous ai demandé si vous saviez, pas si vous étiez impliqué
  • Je n’en étais pas informé, alors je ne savais pas…
  • En d’autres termes, vous maintenez, qu’en tant qu’adjudant du camp, vous ignoriez que les camions amenaient les gens dans les chambres à gaz ?
  • Non, on ne m’en a jamais parlé…
  • Vous ne saviez pas ?
  • Non !

Mulka sera finalement condamné à quatorze ans de prison mais la majorité des autres prévenus s’en sortira très bien. 

La montagne avait accouché d’une souris. Une occasion unique avait été manquée.

Et le procès d’un vieillard aujourd’hui, d’un autre dans deux semaines, gardes d’Auschwitz accusés d’aucun crime précis n’auront jamais la portée qu’ils auraient eu dans l’Allemagne des années 1960.  

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