Emmanuel Macron à bord (et dans les pas) du général de Gaulle
En pleine crise avec les Etats-Unis, Emmanuel Macron va passer la nuit sur le porte-avions Charles de Gaulle, une première pour un président de la république, et une symbolique forte.
1963, comme aujourd'hui: se méfier des Etats-Unis et promouvoir l'indépendance nationale
Dans une conférence de presse tenue à l’Elysée en janvier 1963, le général de Gaulle rappelle une fois encore sa doctrine, des mots que pourraient très bien faire siens Emmanuel Macron aujourd’hui…
Avoir des alliés, cela va de soi pour nous, mais avoir aussi la libre disposition de soi-même, pour un grand peuple, c'est là aussi un impératif catégorique, car les alliances n'ont pas vertus absolues, quels que soient les sentiments qui les fondent
Conférence de Presse, 14 janvier 1963
Au début des années 1960, c’était la volonté américaine formulée par Kennedy de prendre le contrôle de la défense européenne et notamment de la puissance nucléaire via une « force multilatérale », un gros mot pour Donald Trump. Une force multilatérale acceptée par les Anglais lors des accords de Nassau de décembre 1962. C’est à cela que répond le Général de Gaulle trois semaines plus tard dans l’extrait qu’on a entendu.
C'est donc une différence majeure avec la situation actuelle, puisqu'aujourd'hui, ce sont les discours très critiques de Donald Trump envers l’Union européenne et l’OTAN qui ont suscité cette réaction française et la relance du projet d’armée européenne indépendante.
Se tourner vers l'Allemagne, une réponse d'hier et d'aujourd'hui
En revanche, dans les deux cas, 1963 et aujourd’hui, la France se tourne vers l’Allemagne… L’indépendance nationale certes mais dans un cadre franco-allemand renforcé.
On l’a vu, dans le cycle commémoratif, Emmanuel Macron s’est d’abord tourné vers l’Allemagne, l’Allemagne qui passé un temps d’étonnement a, par la voix d’Angela Merkel hier, répondu favorablement à l’idée d’une véritable armée européenne, c’est-à-dire indépendant des Etats-Unis.
Et en 1963, moins de dix jours après sa conférence de presse, le général de Gaulle scellait avec Konrad Adenauer un très important traité, le traité de l’Elysée…
A Paris, dans le salon Murat de l'Elysée, au cours d'une séance solennelle, le général de Gaulle et le chancelier Adenauer, ont signé le texte du traité qui associe désormais la France et l'Allemagne sur le plan de la politique étrangère, de la défense, de l'information et de la culture. Le président français et le chancelier allemand se sont déclarés convaincus que cet événement historique est une étape essentielle sur la voix d'une Europe unie
Actualités françaises, 22 janvier 1963
Une convergence dans le domaine des affaires étrangères et des rencontres régulières entre les états-majors, c’est un moment capital du couple franco-allemand.
Franchir le rubicon?
Reste que précédé d’un préambule précisant l’ancrage au sein de l’OTAN, ce traité a été limité à une portée symbolique.
Dans la crise actuelle, tout l’enjeu est là. Français, Allemands et autres Européens volontaires oseront-ils franchir le rubicon en brisant l’alliance atlantique ? Le voudront-ils ? Et plus encore, le pourront-ils ?
Donald Trump et les Américains sont persuadés que non.
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