Histoires d'info. Au Brésil aujourd'hui comme au Chili de Pinochet, les intérêts économiques des Etats-Unis sont assurés
Des "Chicago boys" sont aux côtés du nouveau président brésilien, Jaïr Bolsonaro, tout comme ils étaient aux côtés d'Augusto Pinochet en 1973 au Chili.
Les marchés accueillent avec beaucoup d’enthousiasme l’élection de Jaïr Bolsonaro comme président du Brésil. Cela rappelle une autre période, sombre, de l’histoire sud-américaine.
C’était en 1973, au Chili. Le 11 septembre, un coup d’Etat militaire renverse le gouvernement de gauche de Salvador Allende et place au pouvoir une junte dirigée par le général Pinochet qui met immédiatement terme à la démocratie. Les marchés accueillent avec joie cette nouvelle. Le patron des patrons chilien, M. Salhi, est lui aussi enthousiaste. Il faut dire que les dollars commencent à arriver dans le pays. On est quelques semaines seulement après le coup d’Etat :
L'interviewé : "Les crédits arrivent. Justement nous avons une mission financière qui vient de Washington pour faire une enquête sur les besoins du capital."
Le journaliste : "Il appartient aux nouveaux dirigeants du pays de démontrer à l'homme du peuple qu'il ne sera pas sacrifié au veau d'or de la libre entreprise."
Le Chili est un laboratoire du néo-libéralisme
La main des Etats-Unis n’est pas invisible, c’est le moins que l’on puisse dire.
Pinochet est entouré d’un petit groupe d’économistes, diplômés de l’université de Chicago où ils ont commencé à suivre notamment l’enseignement du très libéral Milton Friedman à la fin des années 1950. L’Ecole de Chicago avait signé un partenariat avec l'université pontificale catholique du Chili en 1956. Ces Chiliens qui vont se rapprocher de l’extrême droite dans les années 1960 par haine du marxisme, on les appelle les "Chicago boys" et ils vont libéraliser leur pays pour le grand bonheur des marchés, et plus particulièrement des marchés états-uniens. Friedman parlera de "miracle chilien", nourri par les privatisations et l’afflux de dollars dans une économie de plus en plus endettée et financiarisée. Le Chili est largement un laboratoire du néo-libéralisme qui servira de carburant à la mondialisation.
Des "Chicago boys" dans l’entourage de Bolsonaro
Bolsonaro, longtemps protectionniste, s’est converti au libéralisme. Un vaste programme de privatisation de 150 entreprises est annoncé dans un contexte de libéralisation de l’économie.
L’homme de la conversion s’appelle Paulo Guedes et en 1974, il a intégré le département économique de l’Université de Chicago où il croise à son tour le grand manitou du monétarisme et du libéralisme, Milton Friedman.
Et hier au Chili comme aujourd’hui au Brésil, les marchés ne s’intéressent pas aux menaces sur l’état de droit ou l’environnement. Non, ils applaudissent, se léchant les babines devant des opportunités d’investissement, ou plus encore de spéculation.
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