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Histoires d'info. Bernard Cazeneuve, Monsieur Loyal

La nomination de Bernard Cazeneuve est finalement logique. Il est celui qui, dans l'esprit de François Hollande, peut tenir l'Etat pour les quelques mois qui nous séparent de l'élection présidentielle.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bernard Cazeneuve a été nommé premier ministre (JACQUES DEMARTHON / AFP)

François Hollande a choisi Bernard Cazeneuve pour succéder à Manuel Valls, et compte sur lui pour tenir l'Etat à l'approche de la présidentielle. Bernard Cazeneuve n’est pas un socialiste de la première heure. Il est d’abord radical de gauche avant d’entrer au PS au milieu des années 1980. Mais même au sein du parti il se fait remarquer par sa volonté de dépasser les querelles entre la droite et la gauche. Il anime en 1988 avec un jeune barriste un club politique, "Avenir & Démocratie". Le point de départ de cet engagement, le score de Jean-Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle (14,38%).

Cazeneuve est un habitué des cabinets ministériels dans les années 1990, et s’implante parallèlement dans la Manche où il devient député et maire de Cherbourg.

Fabiusien, il s’oppose à la Constitution européenne en 2005 et prend garde de ne soutenir aucun candidat lors de la primaire de la gauche de 2011. François Hollande en fait l’un de ses porte-parole de campagne. Et le 16 mai 2012, Pierre-René Lemas, le secrétaire général de l’Elysée annonce le nouveau gouvernement. Bernard Cazeneuve est en charge des Affaires européennes. Un poste important mais secondaire, signe de la reconnaissance pour le travail accompli pendant la campagne…

Une succession en urgence après l'affaire Cahuzac

Et puis survient le coup de tonnerre de l’affaire Cahuzac, la démission du ministre du Budget empêtré dans ses délits et ses mensonges. Et qui pour le remplacer? Le fidèle, le sérieux Bernard Cazeneuve, qui parle ainsi de nouvelle tâche et de sa conception du pouvoir en avril 2013 : "J'ai un principe, c'est la fidélité, la loyauté, la discrétion. Ce que nous sommes est moins important que la mission qui nous a été confiée."

En première ligne face à la vague d'attentats

D’une absolue loyauté à François Hollande, il défend la ligne de la rigueur budgétaire face aux critiques de Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg. Et lorsque Manuel Valls quitte l’Intérieur pour Matignon, à nouveau le choix se porte sur l’homme loyal, et de confiance. Sans être préparé, Bernard Cazeneuve va se retrouver projeté au cœur d’une terrible vague terroriste. Son calme et son sérieux rassurent les Français. Il est ici sur le plateau du 20 Heures de France 2 au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher : "Nous sommes face à un risque inédit. Et par conséquent, il faut prendre conscience de ce défi nouveau qui nous oblige en permanence à nous adapter, à adapter nos dispositifs, à conforter nos services à modifier notre législation, à protéger des établissements publics, des écoles, des lieux de culte. Par conséquent, mon état d'esprit, qui sera je crois le même tout le temps que j'exercerai cette responsabilité, c'est la concentration, la mobilisation, la vigilance pour assurer la protection des Français."

Un fidèle parmi les fidèles

Le virage sécuritaire qu'il a incarné, son manque d’empathie mais aussi de transparence, lui seront cependant reprochés, notamment quelques mois plus tôt après la mort de Rémi Fraisse, jeune militant écolo, touché mortellement à Sivens par une grenade offensive lancée par un gendarme. Ou encore après les attentats de Nice.

Reste que François Hollande a toujours pu compter sur ce fidèle parmi les fidèles et surtout d’une loyauté sans faille, dont le mantra répété à plusieurs reprises est : "Ma boussole, c’est le sens de l’Etat". Pas étonnant que François Hollande ait proposé Matignon à Bernard Cazeneuve pour quelques mois seulement et pas étonnant qu’il l’ait accepté. Dans une période électorale et face aux menaces persistantes, apparemment sans ambition personnelle, pour tenir l’Etat.

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