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Histoires d'info. Cesare Battisti, une histoire française

L'affaire Battisti n'est pas seulement une affaire italienne ou brésilienne. L'histoire de la cavale de l'Italien, condamné pour meurtre en Italie, a longtemps croisé celle de la gauche intellectuelle française. 

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'ex-activiste italien Cesare Battisti est escorté par des policiers sur le tarmac de Rome-Ciampino (Italie), le 14 janvier 2019. (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

Cesare Battisti n’est devenu un symbole que tardivement. Il faut dire qu’après un court passage en France en 1981, alors en fuite depuis une première condamnation en Italie, il préfère mettre le cap sur le Mexique.

C’est donc loin de la France que Battisti entend parler de la "doctrine Mitterrand". Face aux demandes des gouvernements italiens d’extraditions de centaines d’Italiens, des demandes répétées régulièrement au début des années 1980, en 1985, François Mitterrand, aux côtés du premier ministre italien Bettino Craxi précise sa position et donc celle de la France. A cette date, on considère que la France accueille 150 Italiens poursuivis pour terrorisme de l'autre côté des Alpes.

Tout crime de sang justifie l'extradition. Un certain nombre d'Italiens, qui ont de façon évident rompu avec le terrorisme, ne seront pas extradés.

François Mitterrand

le 22 février 1985

C’est la raison pour laquelle, peu de temps après son arrivée sur le sol français, Battisti est arrêté par la police française, à la demande de l’Italie. Mais en 1991, au grand dam des Italiens, la justice française refuse l’extradition notamment parce qu’en Italie il n’aurait pas été rejugé, contrairement à la justice française où la présence d’un condamné par contumace entraîne un second procès.

Protégé par la justice française, Battisti s’installe en France, écrit des polars, ne se cache pas. Il devient un symbole pour la gauche française. 

Battisti lâché par la France?

En février 2004, Battisti est à nouveau arrêté et la menace d’extradition plane de nouveau. François Mitterrand n’est plus là, la droite est au pouvoir, le vent tourne. Deux ans plus tôt, l’extradition d’un autre Italien, l’universitaire Paolo Persichetti, a prouvé que les extraditions d’anciens militants d’extrême gauche n’étaient plus impossible

L’arrestation mobilise tout ce que la gauche compte d’intellectuels et d’artistes. Philippe Sollers y voit "une vengeance". Mais cette mobilisation est inutile. Le 30 juin 2004, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris rend une décision favorable à son extradition. Et Jacques Chirac est bien décidé à la faire appliquer.

Nous sommes aujourd'hui dans un espace judiciaire européen. Et si une personne a été condamnée pour des crimes, de nature terroriste, dans un Etat de droit, il est évidemment de notre devoir de répondre favorablement à une demande d'extradition.

Jacques Chirac

le 2 juillet 2004

Pourtant, en août, peut-être aidé par les services français - c’est en tout cas ce que prétend Battisti - l’écrivain s’enfuit vers le Brésil où il aura vécu pendant 15 ans. L'histoire française de Cesare Battisti s'achève, laissant les intellectuels et artistes désemparés, et, selon certains, toujours aveuglés. 

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