Cet article date de plus de six ans.

Histoires d'info. Le ministère de l'écologie, un "ministère de l'impossible"

Alors que Nicolas Hulot a annoncé sa démission du gouvernement mardi, d'autres ministres de l'écologie ont également mis en avant une frustration liée à leur politique, entravée par le poids des lobbies et la faible représentation des écologistes à l'Assemblée.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Dominique Voynet, alors porte-parole des Verts, en 1997. (GERARD FOUET / AFP)

Nicolas Hulot a annoncé mardi 28 août sa démission du gouvernement et cette démission n'est pas la première crise au sein du ministère de l'environnement. Robert Poujade parlait de son ministère comme un "ministère de l’impossible", titre de son livre publié en 1975, un an après avoir été remercié et avoir été pendant 4 ans ministre de l’environnement, le premier de l’histoire. Il s’agit d’un livre dans lequel il accuse le pouvoir de ne pas lui avoir donné les moyens de son action et même d’avoir mené une politique en contradiction avec les objectifs de son ministère. "Je tiens pour absolument stupéfiant qu’une entreprise sous la contrôle de l’Etat ait pu polluer la nappe souterraine des pays du Rhin", se lamente-t-il. C’est un manque d’ambition que pointe ici Robert Poujade.

Un ministère de la frustration

Ce ministère est celui de la frustration, de l’impossible pour les ministres de l’environnement tout au moins pour ceux qui sont guidés par l’impératif écologique, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Un exemple nous est donné par Dominique Voynet, militante écologiste devenue ministre de l’environnement en 1997 dans un gouvernement de gauche plurielle. Tout le monde s’accorde a penser qu’elle a été celle qui a eu le plus de moyens et le plus de résultats. Pourtant, à la fin du mois de juin 2001, elle démissionne après avoir échoué à faire voter son projet de loi sur l’eau qu’elle préparait depuis 1998. Invitée au journal de 20 heures de France 2 présenté par Claude Sérillon en juin 2001, son discours pourrait être celui de Nicolas Hulot : "On combat des lobbies qui sont présents, on n'a pas beaucoup d'aides à l'Assemblée nationale, avec 5 députés sur 577, il est difficile de gagner les arbitrages. Il y a de l'écoute au gouvernement, mais les vrais rapports de force sont à l'Assemblée."

"Il y a un doute sur notre volonté de changement"

Le poids des lobbies et la faiblesse de la présence des écologistes à l’assemblée (qui ne compte aujourd’hui aucun député EELV) explique notamment l’impossibilité de mener à son terme ses politiques.
En 2013, une autre ministre de l’environnement quitte le gouvernement. Celle-ci est renvoyée, mais elle avait, elle aussi, fait preuve d’une frustration et critiqué une défense de l’environnement "de façade" de la part de François Hollande et de son premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayraud. Début juillet 2013, alors que le parlement s’apprête à discuter du nouveau budget de l’État, Delphine Batho ministère de l’écologie, qui a vu son ministère connaître la plus forte coupe avec 7% de budget en moins, prend la parole sur RTL : "C'est vrai que c'est un mauvais budget, on est dans un moment où les français doutent, où, on peut le dire, il y a une déception à l'égard du gouvernement. Il y a un doute sur notre volonté de changement."

Immédiatement renvoyée, Delphine Batho publiait son livre Insoumise, en 2014, dans lequel elle dénonçait, comme Nicolas Hulot ou Dominique Voynet le poids des lobbies. Et si le ministère de l’impossible était devenu l’impossible ministère ?

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.