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Histoires d'info. Les beaux perdants : Céline, recalé du Goncourt

Ils ont subi un ou des échecs et ils ont été célèbres. Thomas Snégaroff nous fait revivre les moments les plus épiques de leur vie. L'écrivain Louis-Ferdinand Céline a détesté l'Académie Goncourt. Alors que son livre "Voyage au bout de la nuit" était bien placé pour obtenir ce prix en 1932, il a été battu sur le champ par un autre auteur.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
 L'écrivain Louis-Ferdinand Céline, en octobre 1951. (- / AFP)

Pardonnez cette lapalissade, mais pour qu’il y ait des perdants, il faut qu’il y ait… des vainqueurs, et celui-ci l’histoire l’a bien oublié, malgré le prestige du prix que cet auteur a remporté en 1932. Il se souvient, en 1968 : "J'étais en train de travailler, il devait être midi moins le quart, j'étais en train d'écrire quand je reçois un coup de téléphone : 'Mazeline, vous avez le Goncourt'. Je dois vous dire que je ne m'y attendais pas." 

Le nom de cet auteur, Guy Mazeline, et son livre primé Les Loups sont aujourd’hui largement oubliés. En revanche, le perdant de ce prix Goncourt 1932 vous le connaissez et son livre vous l’avez peut-être lu, puisqu’il s’agit de Céline pour Voyage au bout de la nuit, chez Denoël et Steele, un roman d’une modernité géniale qui a profondément bouleversé la littérature.

La veille de la délibération des membres du jury du prix Goncourt, la chose était entendue : Céline allait emporter le prix. Mais dans un dernier mouvement, un scandale selon François Nourissier, le conformisme, les intérêts personnels des membres du jury pour un auteur puissant, porta le choix sur le livre de Mazeline.

Le coup est dur pour Céline qui avait osé écrire au comité de lecture de Gallimard pour qu’il accepte de publier son livre : "C'est du pain pour un siècle entier de littérature. C'est le prix Goncourt 1932 dans un fauteuil pour l'heureux éditeur qui saura retenir cette œuvre sans pareil, ce moment capital de la nature humaine."
L’auteur rejoint Colette et Apollinaire dans le cimetière des Goncourt oubliés. Un oubli qui nourrira son ressentiment à l’égard des élites aveugles et corrompues.

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